vendredi 15 avril 2011

Mise à jour

Hello les cocos !

   Alors, que je vous explique un peu… 

   J’en étais restée à la première visite des chars. Ce fut un choc et une révélation pour plusieurs raisons. La première et la plus marquante est le décalage absolu entre l’idée que je me faisais des gens qui habitent là-bas et la réalité. Je m’attendais à rencontrer des gens un peu comme ceux qui habitent sur les trottoirs à Dhaka, c'est-à-dire rachitiques, très sales, avec souvent une vraie lueur de folie dans les yeux. Je l’exprime par le mot folie car leur regard est à la fois très lointain et complètement pénétrant. Mon monde est tellement éloigné du leur que c’est sûrement ce décalage là que je ne déchiffre pas dans leurs yeux. Enfin bref, les habitants des chars ne sont pas du tout comme ça ! Ils sourient tous la plupart du temps, discutent volontiers avec nous et semblent à mille lieux de la misère que l’on peut imaginer. Bien sur, leurs maisons ne sont pas très solides, les conditions de travail sont difficiles, tous les enfants ne vont pas à l’école, les perspectives d’avenir sont pour la plupart très restreintes, sans compter toutes les querelles entre villages et les mariages arrangés à 13 ans. Mais. Mais les chars que j’ai visités ont un avant-gout de paradis. Les gens semblent véritablement heureux, pas « corrompu » par un mode de vie basé sur la consommation. En un sens ça fait rêver ! Sans compter que l’endroit où ils vivent est magnifique. Nulle part ailleurs je n’avais vu d’endroit où l’eau se marie aussi bien avec la terre, le sable et la flore. 

   Ces chars sont des endroits très vivants, très loin de la torpeur misérable à laquelle on peut s’attendre. Les gens travaillent dans les champs alors qu’il fait une chaleur, vous ne pouvez pas vous imaginer ! On se liquéfie sur place. Surtout que pour ne pas heurter leur mode de vie et pour se protéger du soleil, il faut porter le foulard du sarwal kameez sur la tête. Il fait une chaleur à crever là-dessous.

   Ce fut donc un choc culturel (il me semble que je suis loin d’être au bout de mes surprises de ce côté-là) aussi bien qu’esthétique. Mais pas uniquement, j’ai également beaucoup appris sur la manière de faire de Friendship, sur la vision de cette ONG. Ce n’est pas très facile de mettre des mots là-dessus sans faire un peu bateau mais essayons : l’être humain est mis au centre de toutes les réflexions mais pas uniquement. Les projets sont à destination des gens biens, qui veulent vraiment s’en sortir et donner un avenir à leurs enfants mais sans pour autant être au pays des bisounours. Ce qui donne des projets à la fois réalistes, applicables, innovants et beaux. Vous vous en doutez, il n’y a pas que des points positifs. Leur mode de raisonnement est très différent du notre et les notions de hiérarchies sont très importantes, ce qui plombe un peu (voire beaucoup) la mise en œuvre des projets. En plus des difficultés inhérente à leur manière de procéder pour mener des projets, je fais face à deux désavantages qui ne me facilitent pas la vie : je suis une fille nettement plus jeune qu’eux (le plus jeune de chez Friendship a 27 ans je crois) qui évolue dans un milieu technique. Saupoudrez le tout du fait que je suis une Bideshi (étrangère) et vous obtiendrez un mélange détonnant qui a des points positifs comme des points négatifs. Ca promet. 

   Dans les chars, ma conversation avec les gens et particulièrement les enfants est assez limitée car je ne comprends pas ce qu’ils me disent. Alors on se dit mutuellement comment on s’appelle, où est notre maison et deux trois autres petites choses. Jusqu’à maintenant je disais aux enfants que je m’appelle « Mali » (ils roulent les « r ») et je trouvais leur réaction un peu bizarre jusqu’à ce qu’un de mes collègues m’explique en rigolant que « mali » veux dire « je tape »… Je vous raconte pas le fou-rire ! Du coup j’ai voulu essayer de m’appeler « Malia » mais ça veux dire « j’étais tapée » alors c’est pas forcément mieux. Finalement nous sommes tombés d’accord sur le fait que je m’appelle « Mèli », ce qui est apparemment un nom assez utilisé par ici. C’est moins chantant mais c’est mieux que de dire aux gens « je tape ». C’est donc un mal pour un bien.

  Le retour en hydravion a lui aussi été génial… Je vais essayer de mettre des photos très vite sur picasa. L’atterissage à l’aéroport de Dhaka a été assez sport étant donné le vent qu’il y avait mais le pilote était très bon. Alors tout s’est bien passé.

Le retour sur Dhaka s’est fait sur les chapeaux de roue ! Je suis allée plusieurs fois dans différents marchés avec une Bangladeshie du nom de Taslima qui est très sympa (je l’ai rencontré à l’école de Bangla, elle y apprend à écrire en anglais) et Mia, une anglaise de passage à Dhaka (1 mois) avec qui je m’entends bien. Taslima est très nature et marrante, elle nous explique plein de choses sur la culture Bangla et voudrais que je me trouve un mari au Bangladesh pour qu’on puisse se voir très longtemps. Je lui ais dit que j’allais voir ce que je peux faire mais que je ne promets rien. On a été se faire faire le haut et la jupe d’un sari chez sa couturière pour le porter le jour du nouvel an bangla, le 14 avril. C’était très amusant. Nous avons aussi commandé chacune un sarwal kameez, mais ils sont trop petits (même si mettables quand même) ce qui est un peu décevant. A priori on va pouvoir les faire agrandir un peu et il n’en reste pas moins que c’est super de choisir le tissu, le ruban, la forme etc. de ses habits. Ca me plait beaucoup. Je suis en train de me faire une super garde robe !

   Le nouvel an à la Bangla, c’est un peu l’opposé de chez nous : début des festivités au levé du soleil (=5h30 du mat’ quand même) à l’université de Dhaka, toutes les femmes en sari rouge et blanc et les hommes en panjabi (habit musulman) rouge et blanc lui aussi. La veille du jour J, j’ai dormi chez Mia car elle habite plus près de l’université que moi. Nous nous sommes levées prêtes à affronter la foule à 4h15 pour nous habiller en sari mais Mia était assez malade, alors nous sommes allées chez moi pour que je lui donne de quoi se soigner, elle s’est endormie et s’est réveillée 3h plus tard, donc nous ne sommes finalement pas allées à l’université où les festivités se terminent aux alentours de midi avec plusieurs millions de personnes, donc des embouteillages monstres. Je retiens donc du nouvel an que se balader à 5h du mat en rickshaw ressemble à une visite des gens qui dorment sur le trottoir. On n’est pas très à l’aise dans cette situation en sari chic… Nous avons aussi croisé des éléphants en plein centre ville de Dhaka. Malheureusement je n'ai pas de photo mais ça parait un peu iréel.

   Ensuite nous sommes parties à Savar, sur le chantier naval de Tara Tari retrouver les 3 mousquetaires qui se font des bateaux. Pendant l’apéro du soir, un énorme orage a éclaté, c’était très impressionnant. Nous sommes sortis en catastrophe de la maison de bambou pour essayer d’attacher les bateaux en fibre de verres qui étaient en production. Voir un bateau de 6 ou 7 m de long s’envoler comme une feuille est assez impressionnant, alors imaginez 3 bateaux en même temps… Nous étions trempés comme des poules, mais heureusement il n’y a eu que très peu de dégats sur le chantier mais lors de ce genre de coup de vent aussi soudain que brutal, il est certains qu’il y a des accidents. Au final le week-end s’est très bien passé, je me suis fait un support de guitare en bambou absolument magnifique ! Les outils des charpentiers du chantier naval sont incroyablement beaux.. Ils ont une espèce de perceuse notamment, très ingénieuse et agréable à utiliser.

   Aujourd’hui était aussi le jour de la mise à l’eau de Banglaptère (bateau de Corentin) et Zitoune (celui de Thibault) sachant que Comète, le bateau d’Ary ne devrait pas trop tarder à les rejoindre barboter dans l’eau.
Le bateau avec la voile en sacs de ciment cousus est le Banglaptère et comme vous êtes supers intelligents, vous aurez deviné que celui avec la voile verte est Zitoune.

   Je commence à me sentir véritablement chez moi à Dhaka. Le marchandage à tout bout de champ m’amuse plus qu’il ne me fatigue et je suis sous le charme des marchés de la ville, même s’il sont plutôt carrément crados !

Le fameux support de guitare
   La seule chose qui n'est pas encore top est un vrai « chez-moi ». Je n’ai pas vraiment le droit de faire le ménage dans ma chambre parce qu’ils ne veulent pas que je le fasse et en même temps ils le font mal, il y a souvent quelqu’un qui dors par terre dans la salle à manger, donc je ne peux pas petit dèj quand je veux, je ne sais jamais s’il va y avoir quelqu’un chez moi et certains banglas sont très bavards, sans compter que la cuisine est tellement crade et infestée de bestioles dans tous les coins que pour l’instant tout ce que j’ai osé faire c’est me cuire un œuf dur… Donc j’ai officiellement commencé à chercher une colloc’. J’en ai parlé aux expats que je connais pour faire circuler l’info. C’est comme ça que ça marche. Je ne suis pas vraiment pressée, mais j’aimerai trouver quelque chose de sympa pas trop loin du boulot pour m’installer pour de vrai. Affaire à suivre.

   Au programme de demain, petit tour dans le vieux Dhaka : un immense marché complètement dingue d’après les échos que j’en ai eu. J’ai hâte de voir ça… Je prendrai des photos pour vous montrer.

   Et dimanche : départ pour les chars en bus public. Ca va me changer de l’hydravion ! Je devrais y rester jusqu’au 4 mai. Mais je vous expliquerai tout ça en temps et en heure.

D’ici là, take care et à bientôt !

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