mardi 24 mai 2011

Hé ho, hé ho, je rentre du boulot

Bonjour bonjour,

Petite précision avant de commencer : je suis assez fatiguée (globalement parce qu'il se passe pleins de trucs chouettes) ce qui veux dire que je ne garanti en rien la pertinence, la cohérence, le niveau orthographique etc. de ce petit texte - je vous l'accorde, c'est jamais garanti, mais là encore moins - .

   Ceci étant dit, allons-y gaiement!

   Première nouvelle, contrairement à ce qui était annoncé et parce que Sigrun, Emma et Viky me l'ont proposé, j'emménage de manière définitive dans l'appart! Je vais dormir sur le canapé jusqu'à ce que ma chambre soit disponible (ie le 1er juin) mais même comme ça c'est 1000 fois mieux qu'à la guest house, autant vous dire que je n'ai pas eu l'ombre d'une hésitation. L'ambiance est rudement joyeuse et la vie parait plus douce. Tant que je suis dans la catégorie "bonnes nouvelle liées à la colloc' " en voici une autre, Viky est arrivé la semaine dernière en direct de la Norvège. Il ne ressemble pas du tout à un Norvégien - même s'il en a la nationalité - car ses deux parents sont Indiens. Il a de la barbe et beaucoup de cheveux, que je suis sensée lui couper. Je sens qu'on va s'amuser... Il a un sens de l'humour tout à fait sympathique et à l'air facile à vivre au quotidien donc je la sens plutôt bien cette colloc'.

   Un des très nombreux points positifs de cet appart est le journal local en anglais déposé tous les matins tôt devant la porte. Je me suis donc mise à lire les news couleurs locales. C'est - comment dire - différent des journaux occidentaux. La première chose qui frappe est l'omniprésence à chaque page de faits divers sordides. Dans un pays en voie de développement de plus de 150 millions d'habitants, on imagine plutôt bien tous les fous et accidents horribles qui peuvent arriver mais tous les matins au petit dej' photos à l'appui c'est pas le meilleur moyen pour se mettre en appétit quand même. Cela rejoint ce que Corentin et Ary m'ont raconté, ils ont vus des affiches avec la photo de quelqu'un égorgé et en-dessous la photo de 4 ou 5 suspects. Vous imaginez? Il y a 3 ou 4 innocents (je ne me souviens plus du nombre exact) dont le visage est assimilé au meurtre sanglant de quelqu'un. Un peu spécial... Sinon, il faut avouer que lire la presse locale permet d'apprendre pleins de choses sur le pays. Quelques histoires lues ces derniers jours en vrac :
   Dans les bus publics de Dhaka il y a des contrôleurs dont la mission n'est pas de s'assurer que tout le monde paie bien son ticket mais plutôt de regarder combien de plus que le tarif légal les usagers ont-ils payé. C'est le monde à l'envers. Il y a un gros scandale dont le cœur du problème est qu'en réalité personne ne sait quel est le tarif légal (et ça arrange pleins de gens).
   Je ne sais quelle entreprise était en train de creuser un terrain entre deux immeubles pour construire un parking souterrain. Sauf qu'ils ont creusé à ras des deux immeubles qui encadraient le terrain en renforçant les bords du trou avec des bouts de bambous. Donc de très grosses fissures sont apparues sur les murs des deux immeubles, ils ont été évacués en urgence et se sont écroulés sur le terrain en construction.
   Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui mais tous les jours vous trouvez des curiosités dans les pages du Daily Sun. A l'occasion je vous en reparlerai.

   Par ailleurs, nous sommes à priori rentrés en période de mousson. Je dis "à priori" car je n'ai pour l'instant pas eu de réponse catégorique ni dans un sens ni dans l'autre à cette question. Il n'en reste pas moins que les signes extérieurs sont là. Nous avons un orage quotidien, plus ou moins fort mais qui dure en moyenne une bonne heure seulement et le niveau d'eau de la Bengsha river (je ne sais pas l'orthographe exacte, c'est la rivière qui longe le chantier naval) a beaucoup monté. La lumière juste avant et après l'orage est incroyable. La différence de température aussi! En tout cas ces orages sont assez soudains un avantage est que l'effet sur le moral est plus énergisant que "crachin breton". Par contre il vaut mieux anticiper avant de prendre son vélo. Je me suis faite avoir hier en allant à mon cours de Bangla, la pluie - ou plutôt le torrent venu du ciel devrais-je dire - a commencé à tomber pendant le trajet et je suis arrivée trempée jusqu'aux os. Mais les Bangladeshis sont toujours aussi sympathiques et ils m'ont prêté des bouts de tissu dans lesquels m'envelopper le temps que mes habits sèchent. Par contre, il faut faire attention aux pièges sur la route, car ce qui peur paraître être une innocente petite flaque d'eau peut se révéler être en réalité un grand trou dévoreur de chaussures... Mais ce n'est pas tout. J'étais l'autre jour sur le chantier naval Tara Tari pendant un orage. Un des éclairs est tombé vraiment pas loin puis l'orage est passé. Ce n'est que plus tard que nous avons repéré un attroupement sur la rive d'en face (quelques centaines de mètres) : une vache venait d'être foudroyée!

   Pour marquer le coup du départ de Corentin pour la France (il y reste un mois et demi il me semble), nous avons fait une petite soirée. Je ne suis pas une alcoolique (vous me connaissez) mais un peu de bière (et de rhum) ne font pas de mal. Je suis donc allée à une warehouse pour en acheter. Sauf que j'avais mal calculé mon coup et j'étais en  vélo pour ramener un pack de bière. Il se trouve que j'ai permis à un monsieur qui était là en même temps que moi d'acheter plus de bière car pour un passeport on ne peux acheter que deux packs. Alors il a enregistré un de ses packs sur mon passeport. Pour me rendre la pareille, quand il a vu que j'étais en mauvaise posture avec mon pack de bière, il m'a proposé de le ramener chez lui (tout près du bureau) pour que je puisse passez le prendre avec un sac à dos après le travail. Tout ça pour vous dire que lorsque j'y suis allée pour récupérer mon fameux pack, la femme qui m'a ouvert (sa femme donc) a été incroyablement accueillante et m'a invitée à manger des nouille avec elle et son amie qui était là. La femme, Aris il me semble, est une écrivaine qui viens de Malaisie (une malaisienne?), mais elle n'écrit qu'en malaisien et son amie, au nom imprononçable, est la femme d'un diplomate américain. Ce qui est amusant c'est que l'ambassade Américaine du Bangladesh a une politique plutôt sympa à l'égard des femmes de diplomates : si elles veulent travailler, un poste est créé pour que ce soit possible. Enfin quand même ça ne donne pas envie parce qu'étant donné que ce sont des personnages officiels, ils n'ont pas vraiment le droit de sortir de Dhaka. Plus de 2 ans sans mettre un seul pied en dehors de cette ville ça doit être déprimant. Au final c'était un moment plutôt incongru et complètement inattendu. J'y suis restée une heure et demie -quand même!- et en suis repartie avec le numéro de deux dames ayant la cinquantaine voulant me cuisiner des bon petits plats de temps en temps car je leur rappelle leur fille de mon age... Ça me va pas mal, les nouilles aux vraies crevettes étaient délicieuses!

    Vendredi dernier, Emma nous a emmenées Zafron (une anglaise qui est ici car son mari travaille à l'ambassade du Royaume Unis au Bangladesh, mais elle s'ennuie pas mal) à New Market. C'est un endroit incroyable. Encore un. Il y a un étage où on peut emmener ses tissus et les faire imprimer avec le ou les motifs, couleurs de son choix. C'est génial! Le degré possible de personnalisation des habits est assez fou ici. Nous sommes aussi allées dans un marché plus typé occidental où je me suis trouvé 3 robes légères que je porteraient à l'intérieur mais également un maillot de bain! C'est un enfant de 10 ans qui me l'a vendu en négociant âprement et de manière très détachée. Néanmoins ce n'est pas tous les jours que j'achète un bikini à un jeune garçon qui me demande si c'est bien ma taille. Bon, il faut quand même préciser que ce maillot est archi moche et un peu petit mais au moins il me permettra d'aller à la piscine en attendant que je récupère celui que mon adorable Mamoune m'a fait envoyer par l’intermédiaire de Thibault (que je remercie une fois de plus pour ce beau geste citoyen). En bref, New Market c'est un endroit farfelu où l'on peut trouver presque tout si tant est que l'on n'est pas trop découragé par la chaleur, le bruit, l'agitation et les interpellations incessantes des locaux pour venir voir leur magasin.

   Demain je pars avec Yves pour visiter une usine de Véolia il me semble et jeudi soir, toute la colloc' + Ary nous retournons à Cox's Bazar pour deux jours cette fois-ci. On va dormir dans une magnifique maison en bois sur pilotis dans un endroit désert où on n'est pas observés à la loupe par les Bangladeshis et nous allons bien évidemment refaire du surf. Top!

   J'espère que la sécheresse Française n'affecte pas trop les plantations ce ceux qui en ont... En tout cas, portez vous bien et vive la France!

lundi 16 mai 2011

Joli mois de Mai

Asalamaleikoum!

   Alors alors, par quoi commencer... Par DSK? C'est fou cette histoire. Mais ici, ça les intéresse beaucoup moins que d’essayer de comprendre comment une loi interdisant le port de la burqa a pu être votée.

   Mais pour parler de choses plus légères, je vous avais promis des explications culturelles sur leurs superstitions. Je vais commencer par une petite histoire :
   En début d’année, un bus public transportant une trentaine de personnes est tombé dans l’eau en sortant de la route sur un pont se trouvant sur la route entre Dhaka et le chantier naval Tara Tari (je connais donc cette histoire par Yves qui passe tous les jours sur cette route). C’était une journée ensoleillée, sans vent ni pluie ni rien et la profondeur de l’eau à cet endroit et cette période de l’année était d’environ 4m (le bus mesurait facile 3m de haut). Aussitôt, 150 personnes dont des gens de l’armée, des plongeurs avec bouteille etc. se sont activés sur place pour essayer de retrouver le bus. Ils ne l’ont trouvé que 3 jours plus tard … exactement où il était sensé être en calculant très grossièrement la trajectoire du bus connaissant l’endroit où il était sortit de la route. Pourquoi un délai aussi long ? Parce que figurez-vous que ce n’est pas possible que le chauffeur ait perdu le contrôle de ces bus centenaires. Donc la seule explication plausible est que les génies ont montré au chauffeur une autre route, qui allait dans la rivière, et ont caché la vraie. S’ils ont fait ça, c’est qu’il y avait une raison – inconnue certes – mais une raison quand même, une explication pas compréhensible par le commun des mortels. Comme il ne faut surtout pas contrarier les génies qui ont voulu que le bus aille dans la rivière avec tous ses passagers qui ne savent pas nager, il ne fallait pas trouver le bus trop tôt. C’est la raison pour laquelle les 150 personnes qui s’activaient autours du bus ont cherché partout sauf à l’endroit où il était pendant 3 jours avant de finalement regarder là où le bus était sensé se trouver.

   Autre nouveauté : j’ai vu beaucoup de bébés avec une tache noire plus ou moins grosse (au moins aussi grosse que le bout d’un gros pouce) sur le front du coté droit, aussi bien dans les campagnes qu’à Dhaka. Je ne savais pas du tout ce que c’était et quand j’en ai parlé à une des chirurgiennes esthétiques Canadiennes qui était sur le bateau hôpital, elle m’a expliqué que ce devait être une tache de naissance. J’ai trouvé ça un peu curieux qu’autant d’enfants aient une tâche de naissance exactement au même endroit mais après tout, je n’y connais rien de rien alors pourquoi pas. En fait l’explication est beaucoup plus intéressante. Il est de notoriété publique que les génies « prennent » les plus beaux bébés. Donc les parents défigurent leurs enfants en dessinant au charbon une marque noire sur le front pour les rendre asymétriques et donc moins beaux, comme ça ce sont les enfants des autres qui sont pris.

   Dans un registre un petit peu différent, les cheveux de tous les enfants sont coupés très courts. Filles y compris. Mais là il n’est pas question d’esprit, c’est uniquement pour que les cheveux repoussent plus beaux et plus forts (même s’ils sont déjà beaux et forts). Toujours est-il que c’est assez spécial de voir des petites filles rasée. Autant à Dhaka on pourrait presque dire que ça passe car les petites filles sont habillées en robes (qui sont assez spéciales d’ailleurs) autant dans les villages c’est plus compliqué de distinguer les garçons des filles car la majorité des enfants sont en short…

   Et tant qu’on est dans les cheveux je continue, à partir d’un certain âge (8-9 ans), on laisse les cheveux des filles pousser et on les attache en palmier sur le dessus de la tête. Au début je trouvais ça plutôt mignon, jusqu’à ce que j’apprenne la vraie raison. En réalité, il vaut mieux que les génies attrapent les filles – moyennement utiles – et non pas les garçons – très utiles – et comme ils attrapent les enfants par les cheveux pour les emmener autant les aider à choisir les éléments les plus remplaçables de la communauté : les filles. D’où le queue de cheval qui assure une bonne prise aux génies.

   C’est sympa tout ça non ? Ce qui m’étonne le plus c’est le fait que l’immense majorité des gens qui font ça (l’immense majorité du peuple Bangladais) est musulmane. Comment combinent-ils ces superstitions avec leur religion ? Mystère et boule de gomme. Je vais essayer d’en savoir plus et je vous tiendrais au courant.

   Sinon, quoi de neuf… ? Et bien Friendship m’a officiellement proposé de rester plus longtemps ! Sauf que dans les budgets que l’on prépare, je ne suis affectée à aucun poste. Runa a l’air bien décidée à ne surtout pas me donner le plus petit pouvoir, ne serait-ce que par le titre. Mais c’est pourtant moi qui supervise les opérations et forme les gens. Donc je suis un genre de consultant pour Friendship. En bref, ce n’est pas encore très clair cette histoire. Pour ça, c’est vraiment très chouette que Raphaële fasse partie du voyage, je pense qu'elle pourra m’aider à avoir un statut que soit juste.

   Par ailleurs, j’ai changé de collègues dans mon bureau. Avant j’étais avec Atwar et Nayeem (qui sont partis dans un bureau Friendship ailleurs à Dhaka) et maintenant je suis avec une femme, Zafar, Masud et un autre gars. Pour la femme c’est de plus en plus gênant parce qu’on discute de temps en temps et qu’on sympathise mais je ne sais pas comment elle s’appelle. Je suis sûre qu’elle me l’a dit quand on s’est présentées mais je ne l’ai pas retenu (ils sont pas simples leurs noms aussi !). Et comme plus le temps passe, plus c’est difficile de lui demander son prénom, je ne sais pas encore comment je vais m’en sortir… Zafar mon voisin d’en face, est très riche je pense, il m’a dit qu’il sait lire le bangla mais il ne sait pas l’écrire car il est allé dans une école anglaise toute sa vie,  il n’a absolument aucune idée du prix d’un trajet en Rickshaw (je crois qu’il n’en a même jamais pris). C’est un gars plutôt sympa qui parle très bien anglais, mais il joue au gars important et surbooké alors qu’il lit le journal plus que régulièrement pendant ses heures de boulot alors ça ne fait pas très sérieux. Et le peu que j’ai eu affaire à lui (pour des histoires de chauffeurs ou autre) il n’était pas fiable. Mais en voisin de bureau il est agréable, il met de la musique tranquillou de temps en temps, ou alors il chantonne. Masud c’est un peu l’homme fantôme, on est dos à dos mais il ne m’adresse jamais la parole, et je n’ais aucune idée de ce qu’il fait. Enfin, le dernier gars, je ne sais pas ni son nom ni son job mais à priori il est moyennement efficace, je le vois des journées entières en train de jouer aux cartes sur l’ordi. Après tout, tant qu’il ne me gène pas je m’en fiche un peu.

   Enfin globalement, l’ambiance est quand même moins studieuse qu’avant. Mais plus tranquillou et moins prise de tête donc je pense que je préfère.

   En petit "soucis" récent j’ai eu la mort de mes ex-nouvelles chaussures. A raison d’une paire de chaussure toutes les 3 semaines, je trouve ma consommation un peu élevée quand même. Surtout qu’ici la taille de pied standard c’est 35. Alors quand je trouve un modèle où mon pied rentre en entier (je précise que je fais du 39 en France, au cas où certains d’entre vous m’imagineraient avec des pieds immenses), ce qui n’est pas le cas dans toutes les boutiques, je n’ai pas le choix ni de la couleur, ni du degré de paillette. Donc la paire que j’ai achetée quand j’étais sur le terrain était toute dorée avec des fleurs dont le cœur était en faux diamants. Et encore, mon pied ne rentrait pas dans la largeur donc j’ai du couper une des lanières et refaire un nœud à un autre endroit. La classe internationale ! Quelle durée de vie pour ma nouvelle paire de chaussure ? Une fois de plus, qui vivra verra.

   Il parait qu’en ce moment le temps est merveilleux en France. J’espère que vous en profitez bien ! Ici je découvre toutes les subtilités très subtiles du climat tropical. En moyenne il fait 39°, ce qui fait je l’ai l’impression de sortir du hammam à chaque fois que je fais du vélo (oui, maintenant j’utilise le vélo que Ayeleen m’a prêté, c’est trop super – et rassurez-vous, je ne prends pas les grandes avenues et je fais très attention –) mais étonnamment c’est tout à fait supportable. Vous me direz « tant mieux » et vous aurez raison : ça devrait être de pire en pire pendant 2 mois encore. Autre subtilité très subtile : les orages. Il fait beau, il fait chaud, les oiseaux chantent, donc je sors paisiblement faire des courses, et soudainement (en 5 min !), un vent à décorner les bœufs se lève, tout le monde cours partout et 10 min plus tard ce sont des trombes d’eau qui tombent… Plusieurs personnes m’ont déjà raconté qu’ils ont vu des vaches voler juste avant la pluie, tellement le vent était fort. Il faut dire que les vaches d’ici, elles ne sont pas bien costaudes. C’est plutôt comme des grosses chèvres qui feraient meuh. Mais lors de la dernière giboulée du joli mois de Mai, je me suis retrouvée à courir les yeux fermé ou presque (à cause de la poussière qui vole partout quand il y a du vent) comme une dératée les chaussures à la main pour essayer d’arriver avant la pluie chez moi car mon sac en tissu est moyennement étanche et le portable qui était dedans pas beaucoup plus.

   Autre nouvelle sympathique, cette semaine je suis dans mon futur appart ! Et oui, Emma est partie chez une de ses amies qui n’aime pas être toute seule et dont le mari est en déplacement à l’étranger et elle m’a adorablement proposé de me prêter sa chambre pour la semaine. Je suis d’autant plus heureuse que j’ai appris il y a quelques jours que personne ne sait qui sont les gens qui dorment dans le salon de la guest house. Donc non seulement ce n’est pas très agréable de ne jamais savoir qui je vais voir en allant me coucher le soir ou en me levant le matin, mais en plus c’est quand même moyennement rassurant.
Donc cette semaine je suis dans le nouvel appart, la semaine prochaine est ma dernière dans la guest house et ensuite j’emménagerai définitivement dans ma nouvelle chambre ! Pour info, un Norvégien arrive en même temps que moi dans l’appart, il prends la place de Sigrun et la fille Norvégienne qui remplace Emma arrive en Juillet. Ils font tous les deux un stage de 6 mois il me semble. J’ai aussi appris qu’un groupe de 5 Français arrive pour 6 mois début septembre. Mais d’ici là j’ai le temps de voir venir.

   Enfin, quelques mots sur la virée surf : c'était topissime! Déjà, le trajet en bus est beaucoup plus confortable que prévu avec la clim et des fauteuils qui s'inclinent plus que dans les TGV. Bon évidemment, il y l'éternel klaxon, meilleur ami du chauffeur Bangladeshi et tous les virages au dernier moment pour éviter au choix une poule, un scooter ou un camion qui arrive pile en face. Mais au final en dormant la majeur partie du temps et avec des bonnes boules quies, on ne s'en aperçoit même pas. Nous avons donc débarqué sur le coup de 9h30 à Cox's Bazar. La plage est pas mal, pas aussi belle qu'une plage Corse mais plus propre que ce à quoi je m'attendais. Par contre il n'y a pas grand monde qui se baigne. Globalement le public est assez riche comparé au reste du Bangladesh et ce sont surtout des petits couples qui viennent y passer quelques jours.

  On n'a pas eu trop de mal à trouver le club de surf étant donné que le gars a tagué "Surfing Bangladesh" en gros un peu partout. Mais lorsque nous sommes arrivés au fameux endroit (à 5 min en rickshaw de la plage), il n'y avait personne. Donc après un épisode de nage effrénée contre les vagues pour essayer de trouver le fondateur du club de surf du Bangladesh, nous voilà tous les trois (Corentin, dont c'est l'anniversaire, Ary et moi) à barboter dans l'eau super bonne avec nos planches. Très vite, Ary et moi sommes largués par Corentin qui va plus loin pour avoir de meilleures vagues. Mais en tant que débutants, les vagues du bord sont parfaites : ni trop petite - pour avoir quand même des sensations - ni trop grosses - pour ne pas avoir peur-. Tenue des filles : Sarwal Kameez. Pour essayer d'être un peu plus à l'aise, je me suis mise en pantalon et T-shirt mais Jafar, le surfman, me prête un short et un lycra, ce qui est top pour faire du surf. Par contre, la différence de bronzage entre mes bras / tête (bien dorés) et les jambes (elles n'ont jamais été aussi blanches) est tout à fait sympatoche. Heureusement qu'il n'y a pas 200 Bangladeshis sur la plage qui nous observent à la loupe et veulent prendre des photos avec nous...  Jafar a été adorable, il nous a montré un reportage réalisé il y a 3 ans par l'équipe de "surfing the nations" c'était marrant. On y apprend notamment que pendant plusieurs années, Jafar a utilisé sa planche de surf comme si c'était une body board avant de découvrir en regardant la télé qu'il était sensé se mettre debout (maintenant il en fait debout). Il a aussi écrit un mail à un pro pour lui demander "de la gomme pour son bateau" il fallait comprendre "de la wax pour ma planche de surf"... Enfin bref, après une journée soit dans l'eau soit dans un super resto Bangladehi indiqué par notre ami Jafar (que nous avons invité à déjeuner), nous sommes repartis bien claqués mais heureux. Le retour en bus s'est lui aussi déroulé sans encombres, mis à part la fouille du bus au petit matin par des policier à l'allure débonnaire. Tout s'est bien passé mais mon voisin de bus a été fouillé minutieusement et de manière pas très correcte. Mais ça n'a pas duré longtemps. Conclusion de ce petit séjour : à refaire!

   Le mot de la fin sera à propos d’une histoire que vous avez sûrement tous oubliée : le « concert » de guitare. Apparemment c’est demain et je suis attendue de pied ferme par environ 1000 bouddhistes…

dimanche 8 mai 2011

Un mois déjà...

Hello!

   Eh bé, il s'en ai passé des choses déjà et le temps file file! Je n'ai pas du tout l'impression d'être partie depuis un mois...

   Je suis désolée d'avoir attendu tout ce temps pour mettre des nouvelles. Il se trouve que la préparation de la visite de GDF Suez a été mouvementée et plutôt intense et que l'équipe n'est partie que jeudi dernier.

   Alors alors, je vais déjà commencer par vous briefer sur le projet qui m'occupe et l'état d'avancement.

   Comme je vous l'ai déjà dit, les habitants des chars sont les plus pauvres du Bangladesh. Il est estimé que moins de 20% de la population a accès a l'électricité (pour le Bangladesh, environ 47% des habitants y a accès. Mais cela ne veux pas dire que c'est permanent. J'en ai fait l'expérience en restant presque une semaine dans le noir à Gaïbandha). En tout premier les gens ont besoin de lampes, d'un moyen pour recharger leur téléphone portable, d'un frigo... Les lampes sont un élément stratégique car cela leur permettra de s'affranchir de l'achat du kérosène : ils doivent aller sur la terre ferme pour cela mais aussi car cela va réduire de beaucoup les accidents de brûlure. Sans compter que les lampes électriques ont une lumière plus forte, sans fumée.

   Concrètement, nous voulons mener simultanément 4 projets pilotes qui amènent de l’électricité aux habitants des chars. Dans ces quatre projets, nous allons combiner à la fois des solutions techniques, mais aussi des solution de financement différentes, selon que le public considéré est plus ou moins très pauvre.Pour cela, nous allons créer des mini-réseaux électriques qui concerneront chacun une trentaine de maisons. Chaque maison sera équipée d'un compteur de consommation. Outre le fait que cela permet de proposer un tarif social de l'électricité (plus on concomme plus le prix du kWh augmente), le principal avantage est surtout la grande flexibilité de ce système. Etant donné que les revenus des habitants sont saisonniers, avoir un compteur permet aux gens de pré-payer leur consommation, ou alors de choisir de ne pas allumer la lumière pendant une semaine pour ne pas avoir à payer à la fin de la semaine. Sans compter le fait que c'est un système qui s'adapte aux "riches" comme aux pauvres, puisqu'il permet d'alimenter au choix juste une lampe ou bien trois lampes, un ventilateur et une télé. Dans les zones où les maisons sont éparpillées et où il n'est pas judicieux techniquement d'installer un mini-réseau, les gens auront chacun une batterie, plus ou moins grosse selon ce qu'ils veulent alimenter chez eux et ils iront tous la recharger au même endroit. Ce système de centre de recharge permet de réduire considérablement le coût de l'électricité.

   A priori (je n'ai pas encore fait l'étude précise) entre 50 et 60% de la production d'énergie sera d'origine solaire. Le reste de la production sera effectuée par hydroélectricité. La mini centrale hydraulique sera installée sur un bateau qui pourra se balader pour aller là où le courant est le plus fort. La journée il recharge les batteries et le soir elles sont emmenées au village pour alimenter le réseau. Ce bateau est à concevoir. Je pense que vous voyez d'où vous êtes les étoiles dans mes yeux ! Nous allons travailler avec le chantier naval Tara Tari, Yves est très enthousiaste pour ce projet, il avait déjà pensé à cette option pour produire de l'électricité il y a dix ans... Donc ils vont s'occuper du bateau en lui-même, sachant que Marc Van Peteghem (architecte naval co-fondateur de l'agence VPLP qui signe parmi les plus grands catamarans du monde) va aussi à priori travailler au dessin de ce bateau qui sort de l’ordinaire. Et ce n'est pas tout! Si le budget nous le permet, nous espérons pouvoir intégrer de la fibre de jute au bateau. Corentin et Ary, deux des Français dont je vous ais déjà parlé travaillent à l'élaboration d'une fibre de jute utilisable dans la fabrication des bateaux. Ce projet peut leur servir de laboratoire grandeur nature. Et parce qu'il n'est pas question que les batteries utilisées aillent polluer les incroyables chars, je suis à la recherche d'un organisme qui rachète pour les recycler les batteries usagées. Cette vente financera en partie le rachat de la nouvelle batterie.

   L'idée de combiner de l'énergie solaire et hydraulique est partie d'un constat très simple : pendant la mousson, la ressource solaire est faible à cause des nuages qui assombrissent le ciel la plupart du temps alors que le courant du fleuve est au plus haut. La fusion des deux coule de source...

   Comme vous pouvez le constater, rien que techniquement, nous avons là un challenge incroyablement riche!

   Ce projet rassemble trois partenaires. La fondation GDF Suez en est le mécène, Friendship l'opérateur et Greenopie. Ce dernier partenaire est une petite entreprise de consulting créée par Raphaële, une femme remarquable qui travaillait pour GDF Suez et est maintenant une consultante pour eux. Mais dans cette affaire elle ne joue pas uniquement un rôle de consultante puisque c'est elle qui a rapproché la fondation de Friendship, qui a œuvré pour débloquer les fonds etc. Donc elle n'est pas uniquement conseil, elle est l'interface opérationnelle en charge de la cohérence du projet et s'occupera aussi en temps et en heure de la partie communication et marketing.


   En tant que projet pilote (subdivisé en 4 sous-projets), ce programme va être un outil de recherche à la Esther Duflo c’est-à-dire recherche empirique et analyse de tout ce qu’il se passe. L’objectif est double : Friendship va utiliser les résultats de cette étude pour faire un « scale up » du projet à partir de l’année prochaine, en allant peut-être jusqu’à proposer des mini-réseaux électriques pour 200 chars ou plus. Coté Fondation GDF Suez, ce qui les intéresse c’est de s’appuyer sur un retour d’expérience finement mené pour dupliquer (en adaptant) le process à d’autres pays dans le monde (Amérique du Sud, pays d’Afrique etc.). La raison d’être de cette fondation étant d’améliorer l’accès à l’électricité des populations les plus pauvres sans oublier d'avoir un retour communication le plus intéressant possible.

   En terme de planning, l’objectif est de travailler sur la définition du projet tant d’un point de vue recherche, technique et économique jusqu’en septembre prochain et de viser une implémentation sur le terrain en octobre / novembre puis de faire tourner le projet pendant un an. Il y aura ensuite 2 ou 3 mois d’analyse des résultats et d’adaptation avant l'extrapolation du projet à un plus grand nombre de chars.

   Pendant les 2 semaines que j'ai passées dans les chars, j'ai travaillé de concert avec Kabir pour officiellement faire une étude de faisabilité. C'est ce que nous avons fait, même si elle est largement perfectible et que nous allons en faire une autre dans les règles de l'art pour sélectionner les chars où nous feront les projets pilotes. Officieusement, je voulais voir par moi-même, prendre la température des habitants, saisir leurs attentes et leur maturité à l'égard de l'électricité. J'ai été bluffée. Une fois de plus. Mais je vous en ai déjà parlé...

  Vous voilà briefés,maintenant place aux nouvelles.

   Tout d'abord, je vais m'occuper de la partie recherche empirique de ce projet. Pour mieux comprendre ce que ça veux dire exactement, je vous invite à lire cette interview de Esther Duflo :
 Elle y dit des choses très intéressantes. Je vous propose aussi ce lien mais je ne sais pas s'il fonctionne pour les gens qui ne sont pas abonnés au monde :
De toute façon, il y a plein d'article sur elle sur internet, si vous voulez fouiller un peu, vous devriez trouver des infos sans trop de problème. Le but est donc d'analyser aussi précisément que possible les conséquences de notre projet sur la réduction de la pauvreté et la favorisation (je ne sais plus si ce mot est Français ou pas... Ce ne sera pas la première ni la dernière erreur de Français de ce blog, heureusement que vous êtes tolérants!)  de l'accès à une vie meilleure. C'est un moyen pour s'inspirer de ce qui marche et ne pas reproduire ce qui ne marche pas.

   Donc, et c'est là que je voulais en venir, il est plus que probable que je reste un an et quelque de plus au Bangladesh. A vos billets d'avion! Le poste de recherche est officiellement créé dans le budget de la fondation alloué à ce projet et je sais de source sûre que Friendship et la fondation sont d'accord pour que je m'en occupe. Mais pour l'instant "on" ne m'a pas encore proposé officiellement de rester. Héhéhéhéééé...

   Autre nouvelle : j'ai une super piste pour emménager en colloc' avec deux filles très cool d'ici la fin du mois!  Il y a Emma, une Anglaise qui bosse pour Oxfam (ONG Anglaise) et qui est au Bangladesh jusque fin juin il me semble et Sigrun, une Norvégienne qui bosse pour l'ambassade de son pays. Elle part à la fin du mois. Je n'ai pas compris si je vais aménager maintenant avec elles ou si elles préfèrent que ce ne soit qu'à partir de début juin. Il me semble que si j'emménage maintenant ce sera dans le salon. Je vais les voir ce soir, on va en discuter. En tout cas c'est archi-top car on rigole déjà bien et l'appart est à 10 min à pieds du boulot ce qui est inespéré!

   Voilà pour les grandes nouvelles. En petite nouvelle je peux vous dire que pour fêter l'anniversaire de Corentin, Jeudi soir prochain, Corentin, Ary, peut-être mes futures colloc' un autre gars que je ne connais pas et moi prenons un bus de nuit pour Cox's Bazar, une plage de 120km de long au Sud du Bangladesh pour se faire une virée surf! Retour en bus dans la nuit de vendredi à samedi car Corentin a prévu un barbecue pour fêter son anniversaire avec des gens qui l'ont aidé dans son projet. Et comme lui et Ary ont beaucoup de travail en ce moment, nous ne pouvons pas rester plus longtemps. Je pense qu'on va bien rigoler... J'espère que je ne vais pas couler car la tenue de bain des filles c'est sarwal kameez complet. On a connu plus aérodynamique.

   En voilà un vrai petit roman!

   Un peu de teasing : la prochaine fois je vous raconte les superstitions pittoresques que j'ai découvertes...
Siggir dekha hobe! Les paris sont ouverts sur ce que ça veux dire haha!