dimanche 8 mai 2011

Un mois déjà...

Hello!

   Eh bé, il s'en ai passé des choses déjà et le temps file file! Je n'ai pas du tout l'impression d'être partie depuis un mois...

   Je suis désolée d'avoir attendu tout ce temps pour mettre des nouvelles. Il se trouve que la préparation de la visite de GDF Suez a été mouvementée et plutôt intense et que l'équipe n'est partie que jeudi dernier.

   Alors alors, je vais déjà commencer par vous briefer sur le projet qui m'occupe et l'état d'avancement.

   Comme je vous l'ai déjà dit, les habitants des chars sont les plus pauvres du Bangladesh. Il est estimé que moins de 20% de la population a accès a l'électricité (pour le Bangladesh, environ 47% des habitants y a accès. Mais cela ne veux pas dire que c'est permanent. J'en ai fait l'expérience en restant presque une semaine dans le noir à Gaïbandha). En tout premier les gens ont besoin de lampes, d'un moyen pour recharger leur téléphone portable, d'un frigo... Les lampes sont un élément stratégique car cela leur permettra de s'affranchir de l'achat du kérosène : ils doivent aller sur la terre ferme pour cela mais aussi car cela va réduire de beaucoup les accidents de brûlure. Sans compter que les lampes électriques ont une lumière plus forte, sans fumée.

   Concrètement, nous voulons mener simultanément 4 projets pilotes qui amènent de l’électricité aux habitants des chars. Dans ces quatre projets, nous allons combiner à la fois des solutions techniques, mais aussi des solution de financement différentes, selon que le public considéré est plus ou moins très pauvre.Pour cela, nous allons créer des mini-réseaux électriques qui concerneront chacun une trentaine de maisons. Chaque maison sera équipée d'un compteur de consommation. Outre le fait que cela permet de proposer un tarif social de l'électricité (plus on concomme plus le prix du kWh augmente), le principal avantage est surtout la grande flexibilité de ce système. Etant donné que les revenus des habitants sont saisonniers, avoir un compteur permet aux gens de pré-payer leur consommation, ou alors de choisir de ne pas allumer la lumière pendant une semaine pour ne pas avoir à payer à la fin de la semaine. Sans compter le fait que c'est un système qui s'adapte aux "riches" comme aux pauvres, puisqu'il permet d'alimenter au choix juste une lampe ou bien trois lampes, un ventilateur et une télé. Dans les zones où les maisons sont éparpillées et où il n'est pas judicieux techniquement d'installer un mini-réseau, les gens auront chacun une batterie, plus ou moins grosse selon ce qu'ils veulent alimenter chez eux et ils iront tous la recharger au même endroit. Ce système de centre de recharge permet de réduire considérablement le coût de l'électricité.

   A priori (je n'ai pas encore fait l'étude précise) entre 50 et 60% de la production d'énergie sera d'origine solaire. Le reste de la production sera effectuée par hydroélectricité. La mini centrale hydraulique sera installée sur un bateau qui pourra se balader pour aller là où le courant est le plus fort. La journée il recharge les batteries et le soir elles sont emmenées au village pour alimenter le réseau. Ce bateau est à concevoir. Je pense que vous voyez d'où vous êtes les étoiles dans mes yeux ! Nous allons travailler avec le chantier naval Tara Tari, Yves est très enthousiaste pour ce projet, il avait déjà pensé à cette option pour produire de l'électricité il y a dix ans... Donc ils vont s'occuper du bateau en lui-même, sachant que Marc Van Peteghem (architecte naval co-fondateur de l'agence VPLP qui signe parmi les plus grands catamarans du monde) va aussi à priori travailler au dessin de ce bateau qui sort de l’ordinaire. Et ce n'est pas tout! Si le budget nous le permet, nous espérons pouvoir intégrer de la fibre de jute au bateau. Corentin et Ary, deux des Français dont je vous ais déjà parlé travaillent à l'élaboration d'une fibre de jute utilisable dans la fabrication des bateaux. Ce projet peut leur servir de laboratoire grandeur nature. Et parce qu'il n'est pas question que les batteries utilisées aillent polluer les incroyables chars, je suis à la recherche d'un organisme qui rachète pour les recycler les batteries usagées. Cette vente financera en partie le rachat de la nouvelle batterie.

   L'idée de combiner de l'énergie solaire et hydraulique est partie d'un constat très simple : pendant la mousson, la ressource solaire est faible à cause des nuages qui assombrissent le ciel la plupart du temps alors que le courant du fleuve est au plus haut. La fusion des deux coule de source...

   Comme vous pouvez le constater, rien que techniquement, nous avons là un challenge incroyablement riche!

   Ce projet rassemble trois partenaires. La fondation GDF Suez en est le mécène, Friendship l'opérateur et Greenopie. Ce dernier partenaire est une petite entreprise de consulting créée par Raphaële, une femme remarquable qui travaillait pour GDF Suez et est maintenant une consultante pour eux. Mais dans cette affaire elle ne joue pas uniquement un rôle de consultante puisque c'est elle qui a rapproché la fondation de Friendship, qui a œuvré pour débloquer les fonds etc. Donc elle n'est pas uniquement conseil, elle est l'interface opérationnelle en charge de la cohérence du projet et s'occupera aussi en temps et en heure de la partie communication et marketing.


   En tant que projet pilote (subdivisé en 4 sous-projets), ce programme va être un outil de recherche à la Esther Duflo c’est-à-dire recherche empirique et analyse de tout ce qu’il se passe. L’objectif est double : Friendship va utiliser les résultats de cette étude pour faire un « scale up » du projet à partir de l’année prochaine, en allant peut-être jusqu’à proposer des mini-réseaux électriques pour 200 chars ou plus. Coté Fondation GDF Suez, ce qui les intéresse c’est de s’appuyer sur un retour d’expérience finement mené pour dupliquer (en adaptant) le process à d’autres pays dans le monde (Amérique du Sud, pays d’Afrique etc.). La raison d’être de cette fondation étant d’améliorer l’accès à l’électricité des populations les plus pauvres sans oublier d'avoir un retour communication le plus intéressant possible.

   En terme de planning, l’objectif est de travailler sur la définition du projet tant d’un point de vue recherche, technique et économique jusqu’en septembre prochain et de viser une implémentation sur le terrain en octobre / novembre puis de faire tourner le projet pendant un an. Il y aura ensuite 2 ou 3 mois d’analyse des résultats et d’adaptation avant l'extrapolation du projet à un plus grand nombre de chars.

   Pendant les 2 semaines que j'ai passées dans les chars, j'ai travaillé de concert avec Kabir pour officiellement faire une étude de faisabilité. C'est ce que nous avons fait, même si elle est largement perfectible et que nous allons en faire une autre dans les règles de l'art pour sélectionner les chars où nous feront les projets pilotes. Officieusement, je voulais voir par moi-même, prendre la température des habitants, saisir leurs attentes et leur maturité à l'égard de l'électricité. J'ai été bluffée. Une fois de plus. Mais je vous en ai déjà parlé...

  Vous voilà briefés,maintenant place aux nouvelles.

   Tout d'abord, je vais m'occuper de la partie recherche empirique de ce projet. Pour mieux comprendre ce que ça veux dire exactement, je vous invite à lire cette interview de Esther Duflo :
 Elle y dit des choses très intéressantes. Je vous propose aussi ce lien mais je ne sais pas s'il fonctionne pour les gens qui ne sont pas abonnés au monde :
De toute façon, il y a plein d'article sur elle sur internet, si vous voulez fouiller un peu, vous devriez trouver des infos sans trop de problème. Le but est donc d'analyser aussi précisément que possible les conséquences de notre projet sur la réduction de la pauvreté et la favorisation (je ne sais plus si ce mot est Français ou pas... Ce ne sera pas la première ni la dernière erreur de Français de ce blog, heureusement que vous êtes tolérants!)  de l'accès à une vie meilleure. C'est un moyen pour s'inspirer de ce qui marche et ne pas reproduire ce qui ne marche pas.

   Donc, et c'est là que je voulais en venir, il est plus que probable que je reste un an et quelque de plus au Bangladesh. A vos billets d'avion! Le poste de recherche est officiellement créé dans le budget de la fondation alloué à ce projet et je sais de source sûre que Friendship et la fondation sont d'accord pour que je m'en occupe. Mais pour l'instant "on" ne m'a pas encore proposé officiellement de rester. Héhéhéhéééé...

   Autre nouvelle : j'ai une super piste pour emménager en colloc' avec deux filles très cool d'ici la fin du mois!  Il y a Emma, une Anglaise qui bosse pour Oxfam (ONG Anglaise) et qui est au Bangladesh jusque fin juin il me semble et Sigrun, une Norvégienne qui bosse pour l'ambassade de son pays. Elle part à la fin du mois. Je n'ai pas compris si je vais aménager maintenant avec elles ou si elles préfèrent que ce ne soit qu'à partir de début juin. Il me semble que si j'emménage maintenant ce sera dans le salon. Je vais les voir ce soir, on va en discuter. En tout cas c'est archi-top car on rigole déjà bien et l'appart est à 10 min à pieds du boulot ce qui est inespéré!

   Voilà pour les grandes nouvelles. En petite nouvelle je peux vous dire que pour fêter l'anniversaire de Corentin, Jeudi soir prochain, Corentin, Ary, peut-être mes futures colloc' un autre gars que je ne connais pas et moi prenons un bus de nuit pour Cox's Bazar, une plage de 120km de long au Sud du Bangladesh pour se faire une virée surf! Retour en bus dans la nuit de vendredi à samedi car Corentin a prévu un barbecue pour fêter son anniversaire avec des gens qui l'ont aidé dans son projet. Et comme lui et Ary ont beaucoup de travail en ce moment, nous ne pouvons pas rester plus longtemps. Je pense qu'on va bien rigoler... J'espère que je ne vais pas couler car la tenue de bain des filles c'est sarwal kameez complet. On a connu plus aérodynamique.

   En voilà un vrai petit roman!

   Un peu de teasing : la prochaine fois je vous raconte les superstitions pittoresques que j'ai découvertes...
Siggir dekha hobe! Les paris sont ouverts sur ce que ça veux dire haha!



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