lundi 16 mai 2011

Joli mois de Mai

Asalamaleikoum!

   Alors alors, par quoi commencer... Par DSK? C'est fou cette histoire. Mais ici, ça les intéresse beaucoup moins que d’essayer de comprendre comment une loi interdisant le port de la burqa a pu être votée.

   Mais pour parler de choses plus légères, je vous avais promis des explications culturelles sur leurs superstitions. Je vais commencer par une petite histoire :
   En début d’année, un bus public transportant une trentaine de personnes est tombé dans l’eau en sortant de la route sur un pont se trouvant sur la route entre Dhaka et le chantier naval Tara Tari (je connais donc cette histoire par Yves qui passe tous les jours sur cette route). C’était une journée ensoleillée, sans vent ni pluie ni rien et la profondeur de l’eau à cet endroit et cette période de l’année était d’environ 4m (le bus mesurait facile 3m de haut). Aussitôt, 150 personnes dont des gens de l’armée, des plongeurs avec bouteille etc. se sont activés sur place pour essayer de retrouver le bus. Ils ne l’ont trouvé que 3 jours plus tard … exactement où il était sensé être en calculant très grossièrement la trajectoire du bus connaissant l’endroit où il était sortit de la route. Pourquoi un délai aussi long ? Parce que figurez-vous que ce n’est pas possible que le chauffeur ait perdu le contrôle de ces bus centenaires. Donc la seule explication plausible est que les génies ont montré au chauffeur une autre route, qui allait dans la rivière, et ont caché la vraie. S’ils ont fait ça, c’est qu’il y avait une raison – inconnue certes – mais une raison quand même, une explication pas compréhensible par le commun des mortels. Comme il ne faut surtout pas contrarier les génies qui ont voulu que le bus aille dans la rivière avec tous ses passagers qui ne savent pas nager, il ne fallait pas trouver le bus trop tôt. C’est la raison pour laquelle les 150 personnes qui s’activaient autours du bus ont cherché partout sauf à l’endroit où il était pendant 3 jours avant de finalement regarder là où le bus était sensé se trouver.

   Autre nouveauté : j’ai vu beaucoup de bébés avec une tache noire plus ou moins grosse (au moins aussi grosse que le bout d’un gros pouce) sur le front du coté droit, aussi bien dans les campagnes qu’à Dhaka. Je ne savais pas du tout ce que c’était et quand j’en ai parlé à une des chirurgiennes esthétiques Canadiennes qui était sur le bateau hôpital, elle m’a expliqué que ce devait être une tache de naissance. J’ai trouvé ça un peu curieux qu’autant d’enfants aient une tâche de naissance exactement au même endroit mais après tout, je n’y connais rien de rien alors pourquoi pas. En fait l’explication est beaucoup plus intéressante. Il est de notoriété publique que les génies « prennent » les plus beaux bébés. Donc les parents défigurent leurs enfants en dessinant au charbon une marque noire sur le front pour les rendre asymétriques et donc moins beaux, comme ça ce sont les enfants des autres qui sont pris.

   Dans un registre un petit peu différent, les cheveux de tous les enfants sont coupés très courts. Filles y compris. Mais là il n’est pas question d’esprit, c’est uniquement pour que les cheveux repoussent plus beaux et plus forts (même s’ils sont déjà beaux et forts). Toujours est-il que c’est assez spécial de voir des petites filles rasée. Autant à Dhaka on pourrait presque dire que ça passe car les petites filles sont habillées en robes (qui sont assez spéciales d’ailleurs) autant dans les villages c’est plus compliqué de distinguer les garçons des filles car la majorité des enfants sont en short…

   Et tant qu’on est dans les cheveux je continue, à partir d’un certain âge (8-9 ans), on laisse les cheveux des filles pousser et on les attache en palmier sur le dessus de la tête. Au début je trouvais ça plutôt mignon, jusqu’à ce que j’apprenne la vraie raison. En réalité, il vaut mieux que les génies attrapent les filles – moyennement utiles – et non pas les garçons – très utiles – et comme ils attrapent les enfants par les cheveux pour les emmener autant les aider à choisir les éléments les plus remplaçables de la communauté : les filles. D’où le queue de cheval qui assure une bonne prise aux génies.

   C’est sympa tout ça non ? Ce qui m’étonne le plus c’est le fait que l’immense majorité des gens qui font ça (l’immense majorité du peuple Bangladais) est musulmane. Comment combinent-ils ces superstitions avec leur religion ? Mystère et boule de gomme. Je vais essayer d’en savoir plus et je vous tiendrais au courant.

   Sinon, quoi de neuf… ? Et bien Friendship m’a officiellement proposé de rester plus longtemps ! Sauf que dans les budgets que l’on prépare, je ne suis affectée à aucun poste. Runa a l’air bien décidée à ne surtout pas me donner le plus petit pouvoir, ne serait-ce que par le titre. Mais c’est pourtant moi qui supervise les opérations et forme les gens. Donc je suis un genre de consultant pour Friendship. En bref, ce n’est pas encore très clair cette histoire. Pour ça, c’est vraiment très chouette que Raphaële fasse partie du voyage, je pense qu'elle pourra m’aider à avoir un statut que soit juste.

   Par ailleurs, j’ai changé de collègues dans mon bureau. Avant j’étais avec Atwar et Nayeem (qui sont partis dans un bureau Friendship ailleurs à Dhaka) et maintenant je suis avec une femme, Zafar, Masud et un autre gars. Pour la femme c’est de plus en plus gênant parce qu’on discute de temps en temps et qu’on sympathise mais je ne sais pas comment elle s’appelle. Je suis sûre qu’elle me l’a dit quand on s’est présentées mais je ne l’ai pas retenu (ils sont pas simples leurs noms aussi !). Et comme plus le temps passe, plus c’est difficile de lui demander son prénom, je ne sais pas encore comment je vais m’en sortir… Zafar mon voisin d’en face, est très riche je pense, il m’a dit qu’il sait lire le bangla mais il ne sait pas l’écrire car il est allé dans une école anglaise toute sa vie,  il n’a absolument aucune idée du prix d’un trajet en Rickshaw (je crois qu’il n’en a même jamais pris). C’est un gars plutôt sympa qui parle très bien anglais, mais il joue au gars important et surbooké alors qu’il lit le journal plus que régulièrement pendant ses heures de boulot alors ça ne fait pas très sérieux. Et le peu que j’ai eu affaire à lui (pour des histoires de chauffeurs ou autre) il n’était pas fiable. Mais en voisin de bureau il est agréable, il met de la musique tranquillou de temps en temps, ou alors il chantonne. Masud c’est un peu l’homme fantôme, on est dos à dos mais il ne m’adresse jamais la parole, et je n’ais aucune idée de ce qu’il fait. Enfin, le dernier gars, je ne sais pas ni son nom ni son job mais à priori il est moyennement efficace, je le vois des journées entières en train de jouer aux cartes sur l’ordi. Après tout, tant qu’il ne me gène pas je m’en fiche un peu.

   Enfin globalement, l’ambiance est quand même moins studieuse qu’avant. Mais plus tranquillou et moins prise de tête donc je pense que je préfère.

   En petit "soucis" récent j’ai eu la mort de mes ex-nouvelles chaussures. A raison d’une paire de chaussure toutes les 3 semaines, je trouve ma consommation un peu élevée quand même. Surtout qu’ici la taille de pied standard c’est 35. Alors quand je trouve un modèle où mon pied rentre en entier (je précise que je fais du 39 en France, au cas où certains d’entre vous m’imagineraient avec des pieds immenses), ce qui n’est pas le cas dans toutes les boutiques, je n’ai pas le choix ni de la couleur, ni du degré de paillette. Donc la paire que j’ai achetée quand j’étais sur le terrain était toute dorée avec des fleurs dont le cœur était en faux diamants. Et encore, mon pied ne rentrait pas dans la largeur donc j’ai du couper une des lanières et refaire un nœud à un autre endroit. La classe internationale ! Quelle durée de vie pour ma nouvelle paire de chaussure ? Une fois de plus, qui vivra verra.

   Il parait qu’en ce moment le temps est merveilleux en France. J’espère que vous en profitez bien ! Ici je découvre toutes les subtilités très subtiles du climat tropical. En moyenne il fait 39°, ce qui fait je l’ai l’impression de sortir du hammam à chaque fois que je fais du vélo (oui, maintenant j’utilise le vélo que Ayeleen m’a prêté, c’est trop super – et rassurez-vous, je ne prends pas les grandes avenues et je fais très attention –) mais étonnamment c’est tout à fait supportable. Vous me direz « tant mieux » et vous aurez raison : ça devrait être de pire en pire pendant 2 mois encore. Autre subtilité très subtile : les orages. Il fait beau, il fait chaud, les oiseaux chantent, donc je sors paisiblement faire des courses, et soudainement (en 5 min !), un vent à décorner les bœufs se lève, tout le monde cours partout et 10 min plus tard ce sont des trombes d’eau qui tombent… Plusieurs personnes m’ont déjà raconté qu’ils ont vu des vaches voler juste avant la pluie, tellement le vent était fort. Il faut dire que les vaches d’ici, elles ne sont pas bien costaudes. C’est plutôt comme des grosses chèvres qui feraient meuh. Mais lors de la dernière giboulée du joli mois de Mai, je me suis retrouvée à courir les yeux fermé ou presque (à cause de la poussière qui vole partout quand il y a du vent) comme une dératée les chaussures à la main pour essayer d’arriver avant la pluie chez moi car mon sac en tissu est moyennement étanche et le portable qui était dedans pas beaucoup plus.

   Autre nouvelle sympathique, cette semaine je suis dans mon futur appart ! Et oui, Emma est partie chez une de ses amies qui n’aime pas être toute seule et dont le mari est en déplacement à l’étranger et elle m’a adorablement proposé de me prêter sa chambre pour la semaine. Je suis d’autant plus heureuse que j’ai appris il y a quelques jours que personne ne sait qui sont les gens qui dorment dans le salon de la guest house. Donc non seulement ce n’est pas très agréable de ne jamais savoir qui je vais voir en allant me coucher le soir ou en me levant le matin, mais en plus c’est quand même moyennement rassurant.
Donc cette semaine je suis dans le nouvel appart, la semaine prochaine est ma dernière dans la guest house et ensuite j’emménagerai définitivement dans ma nouvelle chambre ! Pour info, un Norvégien arrive en même temps que moi dans l’appart, il prends la place de Sigrun et la fille Norvégienne qui remplace Emma arrive en Juillet. Ils font tous les deux un stage de 6 mois il me semble. J’ai aussi appris qu’un groupe de 5 Français arrive pour 6 mois début septembre. Mais d’ici là j’ai le temps de voir venir.

   Enfin, quelques mots sur la virée surf : c'était topissime! Déjà, le trajet en bus est beaucoup plus confortable que prévu avec la clim et des fauteuils qui s'inclinent plus que dans les TGV. Bon évidemment, il y l'éternel klaxon, meilleur ami du chauffeur Bangladeshi et tous les virages au dernier moment pour éviter au choix une poule, un scooter ou un camion qui arrive pile en face. Mais au final en dormant la majeur partie du temps et avec des bonnes boules quies, on ne s'en aperçoit même pas. Nous avons donc débarqué sur le coup de 9h30 à Cox's Bazar. La plage est pas mal, pas aussi belle qu'une plage Corse mais plus propre que ce à quoi je m'attendais. Par contre il n'y a pas grand monde qui se baigne. Globalement le public est assez riche comparé au reste du Bangladesh et ce sont surtout des petits couples qui viennent y passer quelques jours.

  On n'a pas eu trop de mal à trouver le club de surf étant donné que le gars a tagué "Surfing Bangladesh" en gros un peu partout. Mais lorsque nous sommes arrivés au fameux endroit (à 5 min en rickshaw de la plage), il n'y avait personne. Donc après un épisode de nage effrénée contre les vagues pour essayer de trouver le fondateur du club de surf du Bangladesh, nous voilà tous les trois (Corentin, dont c'est l'anniversaire, Ary et moi) à barboter dans l'eau super bonne avec nos planches. Très vite, Ary et moi sommes largués par Corentin qui va plus loin pour avoir de meilleures vagues. Mais en tant que débutants, les vagues du bord sont parfaites : ni trop petite - pour avoir quand même des sensations - ni trop grosses - pour ne pas avoir peur-. Tenue des filles : Sarwal Kameez. Pour essayer d'être un peu plus à l'aise, je me suis mise en pantalon et T-shirt mais Jafar, le surfman, me prête un short et un lycra, ce qui est top pour faire du surf. Par contre, la différence de bronzage entre mes bras / tête (bien dorés) et les jambes (elles n'ont jamais été aussi blanches) est tout à fait sympatoche. Heureusement qu'il n'y a pas 200 Bangladeshis sur la plage qui nous observent à la loupe et veulent prendre des photos avec nous...  Jafar a été adorable, il nous a montré un reportage réalisé il y a 3 ans par l'équipe de "surfing the nations" c'était marrant. On y apprend notamment que pendant plusieurs années, Jafar a utilisé sa planche de surf comme si c'était une body board avant de découvrir en regardant la télé qu'il était sensé se mettre debout (maintenant il en fait debout). Il a aussi écrit un mail à un pro pour lui demander "de la gomme pour son bateau" il fallait comprendre "de la wax pour ma planche de surf"... Enfin bref, après une journée soit dans l'eau soit dans un super resto Bangladehi indiqué par notre ami Jafar (que nous avons invité à déjeuner), nous sommes repartis bien claqués mais heureux. Le retour en bus s'est lui aussi déroulé sans encombres, mis à part la fouille du bus au petit matin par des policier à l'allure débonnaire. Tout s'est bien passé mais mon voisin de bus a été fouillé minutieusement et de manière pas très correcte. Mais ça n'a pas duré longtemps. Conclusion de ce petit séjour : à refaire!

   Le mot de la fin sera à propos d’une histoire que vous avez sûrement tous oubliée : le « concert » de guitare. Apparemment c’est demain et je suis attendue de pied ferme par environ 1000 bouddhistes…

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