mardi 26 avril 2011

Am Stram Gram, Pic et Pic et Kurigram

Bonjour à tous,

Aujourd'hui peu de mots mais des photos!
Un premier album ici :
https://picasaweb.google.com/lh/sredir?uname=MarieDollly&target=ALBUM&id=5598776637202626177&authkey=Gv1sRgCJrL7s6Fmb6gkAE&feat=email
Et un second là :
https://picasaweb.google.com/lh/sredir?uname=MarieDollly&target=ALBUM&id=5599895342686891729&authkey=Gv1sRgCLOt1dnK4aXnuwE&feat=email

Sinon le travail bien, j'espère que tout sera prêt pour la visite de l'équipe de GDF Suez (l'équipe arrive vendredi 29 avril).
La région des chars est plutôt paradisiaque (selon mes critères) mais j'avoue que j'ai quand même envie de retrouver un peu d'intimité, d'autonomie, de voir d'autres gens que des collègues (mais je maintiens qu'ils sont très gentils) donc je ne serai pas malheureuse de retourner à Dhaka.

J'espère que tout roule pour vous, à très vite!

vendredi 22 avril 2011

Le vif du sujet

Hello la compagnie!

Un des nombreux magnifiques arbres de Gaïbandha
  Où en étais-je...? A oui, plan d'action et mise en oeuvre. Mardi dernier avec Kabir nous avons organisé les jours à venir afin d'être efficaces et fins prêts pour la visite de GDF Suez en fin de semaine prochaine. Globalement, le but est de sélectionner les chars sur lesquelles nous allons réaliser le projet pilote de mini-réseau. L'idée est donc de préparer un document expliquant le but du projet ainsi que le contexte culturel et technique des chars dans lequel nous voulons évoluer. Le nombre de choses envisageables ici combiné au potentiel de ces gens promet de belles choses. Vous vous en doutez, c'est absolument passionnant...

   Avec Kabir, nous sommes partis avec un questionnaire sous le bras pour faire notre étude de faisabilité. C'était extraordinaire. Les gens pigent très vite notre idée de mini-réseau électrique et sont emballés. Plus je réfléchis à cette idée, plus je suis convaincue que c'est une bonne chose. Déjà techniquement c'est un challenge enthousiasmant, et dans l'idée, avoir l'électricité chez eux va permettre à ces gens de considérablement améliorer leur niveau de vie, et donc ralentir l'exode rural. Il y a un point qui me parait particulièrement pertinent : le compteur électrique. Je vois au moins 3 avantages à cela. Le premier c'est qu'il permet d'avoir un système juste, si je consomme moins que mon voisin, je paye moins. Ensuite, il permet de faire des économies, car lorsque les gens sont conscient de leur consommation, ils y font attention. Et enfin, cela permet d'être flexible, en effet, les revenus des familles ne sont pas fixes (loin de là) et lorsqu'ils ont une semaine difficile, ils ont le choix de ne pas consommer et donc ne pas payer. J'ai pu constater qu'ils sont visiblement très sensibles à ces 3 points, ce qui me fait dire qu'ils sont prêts à bénéficier d'un tel système.

   J'ai évidemment eu beaucoup de surprises en allant prendre le temps de discuter avec ces gens-là. Déjà, je commence à comprendre plus précisément ce que les gens disent en Bangla donc je me sens intégrée à la conversation et surtout, je dépends moins de Kabir pour la traduction. Enfin ça c'est vrai tant que l'on reste dans les limites de notre questionnaire mais c'est un petit pas en avant...  Ensuite, (je sais que je me répète un peu, mais c'est vraiment frappant!) ils sont très loin de l'idée un peu simpliste que je m'en faisais. Par exemple, dans certaines familles, c'est un choix délibéré de ne pas avoir de télé, même si on leur en donne une, ils n'en veulent pas (ou juste pour la revendre) car ils estiment que ce n'est pas une bonne chose pour l'éducation des enfants.

   J'ai eu aussi quelques fous-rires intérieurs. Le plus marquant était le moment où l'on demande leur age aux gens interrogés (pour voir si les envies varient en fonction de l'age de celui ou celle auquel on pose les questions) : ils en inventent un. Et oui, ici ils n'ont pas du tout la culture des anniversaires! Du coup il y a eu pleins de fois où c'est Kabir qui leur donnait un age histoire de pouvoir écrire quelque chose et ça les faisaient rigoler. Alors on a pratiquement que des ages multiples de 5 et curieusement, sur une 50aine de personnes interrogée, pas une seule n'avait la trentaine (alors que j'aurais pensé que si quand même). Kabir juge que soit les gens sont "jeunes" soit "vieux" mais il n'y a pas de milieu. Autre chose, on a demandé à deux moments différents son age à un même gars (parce que la conversation est parfois un peu décousue) : la première fois il avait 40 ans et la deuxième 55 ans. C'est dire si c'est aléatoire!

   En arrivant dans un des villages, presque tout le monde avait une glace à la main. Vous imaginez ma surprise. Et lorsqu'on leur demandait s'ils avaient besoin d'un frigo, certains disaient oui et d'autre non alors j'étais un peu perdue (j'ai fini par comprendre qu'ils les avaient achetées à un bateau avec une glacière qui venait du continent).

Un pêcheur au milieu de nulle part
   Enfin, un des villages que nous avons visité était un nouveau village (ben oui, comme ils déménagent souvent, ça fait des nouveaux villages). Et pour notre étude nous avions besoin de mettre le nom des villages pour ne pas tout mélanger. Du coup, celui qui avait l'air d'avoir le plus d'autorité a déclaré que le village s'appelait selon sont propre nom. Ca en a fait rire certains, d'autres ont voulu protester, il les as rabroués comme du poisson pourri... Alors au final le village porte désormais sont nom. On sens quand même dans ces cas-là que l'équilibre est subtil entre toutes les familles qui vivent dans une telle promiscuité.

   Mais il y a d'autres découvertes sur lesquelles il n'est pas simple de mettre des mots. Les photos parlent un peu...

   Toutes ces idées me plaisent énormément et je suis convaincue qu'il y a ici le potentiel pour les rendre concrètes. Mais une des difficultés est ailleurs. Elle est dans le lien avec le reste de l'équipe Friendship. En effet, ce n'est pas simple de comprendre qui fait quoi, qui prends les décisions, sur quels critères... Je me vois aller au-devant de quelques déceptions de ce coté-là. Et les informations ne circulent pas très bien. Cela fait 3 jours que nous visitons des chars en faisant notre étude pour sélectionner les meilleurs endroit pour le projet pilote et j'ai appris hier que finalement "ils" (les gens du siège) ne veulent pas que le projet soit dans cette région mais plutôt dans une autre. En soit ça ne m'ennuie pas mais ils savaient très bien que je venais ici, on a perdu 3 jours.

   Enfin. Demain matin, départ en train (trop chouette!) à 6h du mat' pouuuurrr (roulement de tambour) : Kurigram! On y reste deux jours puis direction le bateau hôpital (EFH pour les intimes = Emirates Friendship Hospital) pour auditionner les chars qui sont pas très loin de lui.

   Voilà où j'en suis. Ah! J'oubliais presque : sur 6 nuit passées à l'hotel, il y en aura eu 2 seulement avec de l'électricité, les autres c'était à la bougie. Je peux vous dire que dans ce cas-là, on est sacrément heureux d'avoir de la lumière quand elle revient!

   Sur ce, à bientôt pour la suite, vous connaissez la chanson :)


mardi 19 avril 2011

Sannasir

Bonjour bonjour,

   Après environ 6h de bus (donc 4 de moins que ce que je n'avais prévu), avec deux autres Françaises qui font de la recherche en anthropologie, me voilà arrivée à Gaibandha dans le nord du Bangladesh. Le trajet était beaucoup plus confortable que prévu, et plein d'anecdotes marrantes : la sonnerie de téléphone du contrôleur de billet était "il est né le divin enfant", version remastérisée un peu Rock'n Roll. Il fallait le voir décrocher d'un air sévère et important... Ca m'a fait pensé au vendeur de je ne sais quelle sucrerie avec une chemise couverte de dessins de Cendrillons de toutes les couleurs et dans tous les sens. C'est vraiment trop marrant les T-Shirt que les hommes ont parfois.

   L'arrivée à l'hotel n'a pas été très cool parce que c'est un bâtiment assez délabré et qu'il y a très régulièrement des pannes d'électricité. Alors un peu fatiguée et malade la combinaison des deux est légèrement glauque. Pendant les blacks out il n'y a ni clim, ni ventilo, ni lumière, ce dernier point est de loin le plus gênant. Heureusement que j'avais ma petite lampe dynamo que la Tata m'a offert! Les Bangladeshis ont un autre sens de l'intimité que nous. Il y a au moins 4 personnes qui sont venues toquer à ma porte (et encore, ils ne toquent pas tous) pour m'apporter savon, papier toilette, bouteille d'eau, télécommande pour la clim (qui ne marche toujours pas d'ailleurs) et à chaque fois, ils toquent et immédiatement après ils essaient de rentrer. Ce qui n'est pas très agréable mais on s'habitue à tout (et je ferme la porte à clé).

   Lundi matin, la journée a commencé avec un petit dej' dans un resto local avec Kabir, avec qui je vais travailler pendant mes deux semaines ici. Au menu : une omelette pleine de fèves (piments) et des légumes avec une sauce qui arrache. Après ça au moins t'es bien réveillé.

   Puis nous sommes partis en bateau pour les chars. Vous pouvez voir les photos ici : http://picasaweb.google.com/MarieDollly/NouveauChar18042011 

   Une fois de plus j'ai adoré. Comme il n'y avait que Kabir et moi, j'ai pu poser toutes les questions que je voulais. je suis très impressionnée par l'ouverture dont les gens font preuve. Les hommes aussi bien que les femmes semblent très heureux de discuter avec moi et le font de manière très libre. Globaleent j'ai surtout parlé avec des gens qui ont des installations solaires autonomes avec 3 lampes et une télé. A la question "si vous pouviez acheter une seule chose parmi les suivantes, laquelle achèteriez-vous : un frigo, un ventilateur, une pompe à eau, une bouilloire, un système de filtration de l'eau?" Les gens ont tous répondu un ventilateur.

   Pendant une des visites, nous avons été bloqués 1h30 dans une des maisons car un gros orage a éclaté. Comme l'autre soir c'était très impressionnant car incroyablement soudain et fort. Ca commence avec des rafales de vent à décorner les bœufs, puis il tombe des trombes d'eau et enfin le soleil revient. En 3h de temps c'est comme s'il ne s'était rien passé. L'avantage c'est que la température perd facilement 3 ou 4°C. Au début j'ai essayé de discuter avec les habitants de la maison (et les voisins, car on se retrouvait à chaque fois avec au moins 10 personnes qui nous suivaient) mais étant donné mon faible niveau de Bangla nous ne sommes pas allés très loin. Donc j'ai proposé de faire un jeu et je me suis retrouvée à jouer au Petits Chevaux avec les enfants. C'était très sympa et marrant. C'est vraiment amusant de se rendre compte à quel point certaines choses sont universelles... Zidane fait lui aussi parti des "choses" universelles, car à chaque fois que je dis que je viens de France (ce qui arrive au moins 5 ou 6 fois par jour), les gens me parlent de lui. Mais pour revenir à nos moutons, c'est aussi facile de rigoler avec des enfants autour d'un jeu de petits chevaux ici qu'en France.

   Ils sont très demandeurs de photos et s'esclaffent à gorge déployé quand je leur montre la photo sur l'écran de l'appareil mais curieusement au moment de la photo, ils se mettent au garde à vous et il est difficile de cueillir des sourires sur les lèvres. Donc les photos ne reflètent pas vraiment le mouvement, la joie et toute l'activité qui en découlent. Il faudrait filmer quelqu'un en train de les prendre en photo pour avoir une idée de ce que ça donne. Un autre jour peut-être.

   Le retour s'est fait sans encombre, je suis émerveillée par la vie qu'il y a autours de la rivière. Dans l'album photo je n'ai mis "que" 62 photos mais il y a des scènes incroyables tous les 150m. Alors après 1h30 de bateau, sachant que nous avançons environ à 9-10 noeuds, je vous laisse faire le calcul du nombre de photos que j'ai prises...

   Le soir, pas d'électricité, ce n'était même pas une surprise, ça m'amuse...

   Aujourd'hui, pas de visite dans les chars car nous avions vraiment besoin d'établir un plan d'attaque avec Kabir. Il est très enthousiaste, ce qui est agréable, mais du coup il part un peu dans tous les sens et a du mal à se canaliser. Mais je pense qu'on devrait arriver à faire une bonne équipe.

   Considération plus terre à terre, mon ordinateur chauffe vraiement beaucoup, j'ai peur qu'il ne lache dans pas très longtemps...

   Demain, retour sur le terrain. Top!

  A très vite pour la suite des aventures...

vendredi 15 avril 2011

Mise à jour

Hello les cocos !

   Alors, que je vous explique un peu… 

   J’en étais restée à la première visite des chars. Ce fut un choc et une révélation pour plusieurs raisons. La première et la plus marquante est le décalage absolu entre l’idée que je me faisais des gens qui habitent là-bas et la réalité. Je m’attendais à rencontrer des gens un peu comme ceux qui habitent sur les trottoirs à Dhaka, c'est-à-dire rachitiques, très sales, avec souvent une vraie lueur de folie dans les yeux. Je l’exprime par le mot folie car leur regard est à la fois très lointain et complètement pénétrant. Mon monde est tellement éloigné du leur que c’est sûrement ce décalage là que je ne déchiffre pas dans leurs yeux. Enfin bref, les habitants des chars ne sont pas du tout comme ça ! Ils sourient tous la plupart du temps, discutent volontiers avec nous et semblent à mille lieux de la misère que l’on peut imaginer. Bien sur, leurs maisons ne sont pas très solides, les conditions de travail sont difficiles, tous les enfants ne vont pas à l’école, les perspectives d’avenir sont pour la plupart très restreintes, sans compter toutes les querelles entre villages et les mariages arrangés à 13 ans. Mais. Mais les chars que j’ai visités ont un avant-gout de paradis. Les gens semblent véritablement heureux, pas « corrompu » par un mode de vie basé sur la consommation. En un sens ça fait rêver ! Sans compter que l’endroit où ils vivent est magnifique. Nulle part ailleurs je n’avais vu d’endroit où l’eau se marie aussi bien avec la terre, le sable et la flore. 

   Ces chars sont des endroits très vivants, très loin de la torpeur misérable à laquelle on peut s’attendre. Les gens travaillent dans les champs alors qu’il fait une chaleur, vous ne pouvez pas vous imaginer ! On se liquéfie sur place. Surtout que pour ne pas heurter leur mode de vie et pour se protéger du soleil, il faut porter le foulard du sarwal kameez sur la tête. Il fait une chaleur à crever là-dessous.

   Ce fut donc un choc culturel (il me semble que je suis loin d’être au bout de mes surprises de ce côté-là) aussi bien qu’esthétique. Mais pas uniquement, j’ai également beaucoup appris sur la manière de faire de Friendship, sur la vision de cette ONG. Ce n’est pas très facile de mettre des mots là-dessus sans faire un peu bateau mais essayons : l’être humain est mis au centre de toutes les réflexions mais pas uniquement. Les projets sont à destination des gens biens, qui veulent vraiment s’en sortir et donner un avenir à leurs enfants mais sans pour autant être au pays des bisounours. Ce qui donne des projets à la fois réalistes, applicables, innovants et beaux. Vous vous en doutez, il n’y a pas que des points positifs. Leur mode de raisonnement est très différent du notre et les notions de hiérarchies sont très importantes, ce qui plombe un peu (voire beaucoup) la mise en œuvre des projets. En plus des difficultés inhérente à leur manière de procéder pour mener des projets, je fais face à deux désavantages qui ne me facilitent pas la vie : je suis une fille nettement plus jeune qu’eux (le plus jeune de chez Friendship a 27 ans je crois) qui évolue dans un milieu technique. Saupoudrez le tout du fait que je suis une Bideshi (étrangère) et vous obtiendrez un mélange détonnant qui a des points positifs comme des points négatifs. Ca promet. 

   Dans les chars, ma conversation avec les gens et particulièrement les enfants est assez limitée car je ne comprends pas ce qu’ils me disent. Alors on se dit mutuellement comment on s’appelle, où est notre maison et deux trois autres petites choses. Jusqu’à maintenant je disais aux enfants que je m’appelle « Mali » (ils roulent les « r ») et je trouvais leur réaction un peu bizarre jusqu’à ce qu’un de mes collègues m’explique en rigolant que « mali » veux dire « je tape »… Je vous raconte pas le fou-rire ! Du coup j’ai voulu essayer de m’appeler « Malia » mais ça veux dire « j’étais tapée » alors c’est pas forcément mieux. Finalement nous sommes tombés d’accord sur le fait que je m’appelle « Mèli », ce qui est apparemment un nom assez utilisé par ici. C’est moins chantant mais c’est mieux que de dire aux gens « je tape ». C’est donc un mal pour un bien.

  Le retour en hydravion a lui aussi été génial… Je vais essayer de mettre des photos très vite sur picasa. L’atterissage à l’aéroport de Dhaka a été assez sport étant donné le vent qu’il y avait mais le pilote était très bon. Alors tout s’est bien passé.

Le retour sur Dhaka s’est fait sur les chapeaux de roue ! Je suis allée plusieurs fois dans différents marchés avec une Bangladeshie du nom de Taslima qui est très sympa (je l’ai rencontré à l’école de Bangla, elle y apprend à écrire en anglais) et Mia, une anglaise de passage à Dhaka (1 mois) avec qui je m’entends bien. Taslima est très nature et marrante, elle nous explique plein de choses sur la culture Bangla et voudrais que je me trouve un mari au Bangladesh pour qu’on puisse se voir très longtemps. Je lui ais dit que j’allais voir ce que je peux faire mais que je ne promets rien. On a été se faire faire le haut et la jupe d’un sari chez sa couturière pour le porter le jour du nouvel an bangla, le 14 avril. C’était très amusant. Nous avons aussi commandé chacune un sarwal kameez, mais ils sont trop petits (même si mettables quand même) ce qui est un peu décevant. A priori on va pouvoir les faire agrandir un peu et il n’en reste pas moins que c’est super de choisir le tissu, le ruban, la forme etc. de ses habits. Ca me plait beaucoup. Je suis en train de me faire une super garde robe !

   Le nouvel an à la Bangla, c’est un peu l’opposé de chez nous : début des festivités au levé du soleil (=5h30 du mat’ quand même) à l’université de Dhaka, toutes les femmes en sari rouge et blanc et les hommes en panjabi (habit musulman) rouge et blanc lui aussi. La veille du jour J, j’ai dormi chez Mia car elle habite plus près de l’université que moi. Nous nous sommes levées prêtes à affronter la foule à 4h15 pour nous habiller en sari mais Mia était assez malade, alors nous sommes allées chez moi pour que je lui donne de quoi se soigner, elle s’est endormie et s’est réveillée 3h plus tard, donc nous ne sommes finalement pas allées à l’université où les festivités se terminent aux alentours de midi avec plusieurs millions de personnes, donc des embouteillages monstres. Je retiens donc du nouvel an que se balader à 5h du mat en rickshaw ressemble à une visite des gens qui dorment sur le trottoir. On n’est pas très à l’aise dans cette situation en sari chic… Nous avons aussi croisé des éléphants en plein centre ville de Dhaka. Malheureusement je n'ai pas de photo mais ça parait un peu iréel.

   Ensuite nous sommes parties à Savar, sur le chantier naval de Tara Tari retrouver les 3 mousquetaires qui se font des bateaux. Pendant l’apéro du soir, un énorme orage a éclaté, c’était très impressionnant. Nous sommes sortis en catastrophe de la maison de bambou pour essayer d’attacher les bateaux en fibre de verres qui étaient en production. Voir un bateau de 6 ou 7 m de long s’envoler comme une feuille est assez impressionnant, alors imaginez 3 bateaux en même temps… Nous étions trempés comme des poules, mais heureusement il n’y a eu que très peu de dégats sur le chantier mais lors de ce genre de coup de vent aussi soudain que brutal, il est certains qu’il y a des accidents. Au final le week-end s’est très bien passé, je me suis fait un support de guitare en bambou absolument magnifique ! Les outils des charpentiers du chantier naval sont incroyablement beaux.. Ils ont une espèce de perceuse notamment, très ingénieuse et agréable à utiliser.

   Aujourd’hui était aussi le jour de la mise à l’eau de Banglaptère (bateau de Corentin) et Zitoune (celui de Thibault) sachant que Comète, le bateau d’Ary ne devrait pas trop tarder à les rejoindre barboter dans l’eau.
Le bateau avec la voile en sacs de ciment cousus est le Banglaptère et comme vous êtes supers intelligents, vous aurez deviné que celui avec la voile verte est Zitoune.

   Je commence à me sentir véritablement chez moi à Dhaka. Le marchandage à tout bout de champ m’amuse plus qu’il ne me fatigue et je suis sous le charme des marchés de la ville, même s’il sont plutôt carrément crados !

Le fameux support de guitare
   La seule chose qui n'est pas encore top est un vrai « chez-moi ». Je n’ai pas vraiment le droit de faire le ménage dans ma chambre parce qu’ils ne veulent pas que je le fasse et en même temps ils le font mal, il y a souvent quelqu’un qui dors par terre dans la salle à manger, donc je ne peux pas petit dèj quand je veux, je ne sais jamais s’il va y avoir quelqu’un chez moi et certains banglas sont très bavards, sans compter que la cuisine est tellement crade et infestée de bestioles dans tous les coins que pour l’instant tout ce que j’ai osé faire c’est me cuire un œuf dur… Donc j’ai officiellement commencé à chercher une colloc’. J’en ai parlé aux expats que je connais pour faire circuler l’info. C’est comme ça que ça marche. Je ne suis pas vraiment pressée, mais j’aimerai trouver quelque chose de sympa pas trop loin du boulot pour m’installer pour de vrai. Affaire à suivre.

   Au programme de demain, petit tour dans le vieux Dhaka : un immense marché complètement dingue d’après les échos que j’en ai eu. J’ai hâte de voir ça… Je prendrai des photos pour vous montrer.

   Et dimanche : départ pour les chars en bus public. Ca va me changer de l’hydravion ! Je devrais y rester jusqu’au 4 mai. Mais je vous expliquerai tout ça en temps et en heure.

D’ici là, take care et à bientôt !

dimanche 10 avril 2011

Coup de foudre

A mes aïeuls, quelle journée!

Mais il faut déjà que je vous explique hier. Avec Atwar Bhaï et Pollob Bhaï (bhaï = frère, tout le monde le met après le nom de celui dont tu parles, c'est un peu comme dire que tu connais cette personne. Sauf pour les rickshaw-wallah, où là c'est juste parce que tu ne connais pas leur nom et "rickshaw-wallah" c'est un peu trop long à prononcer) nous avons pris un mini-van avec clim pour faire Dhaka-les chars du Nord. C'est un périple incroyable. Le plus difficile est la valse des camion. Notre chaufeur était complètement taré. Ici, nous conduisons à gauche et tu peux doubler par la gauche, par la droite, quelqu'un qui est déjà en train de te double, peu importe du moment que c'est toi qui va le plus vite. C'est effrayant. Quand vraiment j'avais trop peur pour regarder la route (qui heureusement est plutôt droite) - et c'est arrivé à de nombreuse reprises -, je regardais les gens par la fenêtre ou je lisais un peu pour penser à autre chose que peut-être j'allais mourir dans un horrible accident de voiture, à m'écraser comme un delapoca contre un camion bariolé venant d'en face.

Nous avons eu environ 10h de voiture, donc une partie de nuit étant donné que nous sommes partis à 11h. L'avantage la nuit est que le bruit des klaxons et sonnettes en tout genre est remplacé par des appels de phare. C'est beaucoup moins bruyant. Ce qui était fascinant sur notre route pour arriver ici, c'est le monde qu'il y a partout, tout le temps. Même à 22h00 dans un coin complètement perdu du Bangladesh il y a des vélos et des gens à pieds tous les 100 mètres. C'est fou... Sans compter qu'il n'y a absolument aucun panneau d'affichage ou carte à jour, donc si en demandant ton chemin tu tombes sur un gars marrant qui te fait une blague et t'envoie pas du bon côté, tu es bon pour un détour de 2h au moins. Heureusement que le sens de l'humour Bangali est plus porté sur les "haricots" (piments) que l'orientation.

Pour arriver sur le bateau hôpital, nous avons pris un autre bateau, pendant une quarantaine de minutes, éclairés seulement par la lune. C'était féérique de se retrouver au milieu de l'eau comme ça (c'est une assez grosse rivière :  elle peut faire jusque 20km de large).

Après une bonne nuit de sommeil dans ma cabine privée tout confort (= moustiquaire et prise pour l'ordi), me voilà à petit déjeuner avec 4 docteurs Français faisant partie de l'association humaniterra, qui vont opérer des gens pendant 1 semaine.

Puis nous sommes partis, Runa Apa (apa = soeur), Patrick (un monsieur très gentil qui viens de Luxembourg pour aider Friendship à monter un projet de micro-crédit) et sa fille Noémie, ainsi que Atwar Bhaï, Nayeem Bhaï, Kabir Bhaï et moi pour une des iles. Ce qui est là-bas, est difficilement racontable avec des mots. Et comme ce n'est pas très pratique de mettre des photos ici, vous pouvez cliquer sur ce lien : https://picasaweb.google.com/lh/sredir?uname=MarieDollly&target=ALBUM&id=5593910375068782097&authkey=Gv1sRgCLfXwOfCpNKaMQ&feat=email pour voir un échantillon des photos de la journée.

Le travail déjà effectué par Friendship dans les chars, surtout en terme d'école et de soin est incroyable.

Mais il commence à se faire tard et honnêtement, je suis incapable de mettre des mots sur ce que je ressens à chaud. C'est tout bouillonnant dans ma tête. Alors si vous voulez bien m'excuser, je vous raconte ça dès que j'aurai eu le temps de me poser 2 minutes...

Au programme de demain : visite d'autres chars le matin puis direction Dhaka en ... hydravion! La vie est belle oui...

A très vite pour que je vous raconte tout ça!

Bises à tous

mardi 5 avril 2011

Ca s'accélère!

Hello la compagnie!

Cela fait plusieurs jours que je n’ai pas écrit, j’ai plein de choses à vous raconter !

Commençons par le commencement.

   Vendredi, Utpal m’a emmenée à une célébration dans un temple bouddhiste nettement plus grand que celui du premier jour. C’est à l’extérieur de Dhaka et nous traversons des champs de riz et de briqueteries (il y en a un nombre incroyable !) pour y aller. 

   Apparemment, c’était le jour de la donation (argent, nourriture etc.) de la part de la communauté Thaïlandaise de Dhaka. Donc nous nous sommes tous assis en tailleur devant un beau bouddha trèèèès kitch, il avait une auréole de LED clignotantes de toutes les couleurs, un peu comme le panneau des pharmacies Françaises. Bien entendu, ils m’ont demandé de m’assoir au premier rang, c’est tellement plus facile de suivre ce qu’il se passe. Ils sont vraiment très accueillants. Puis le « chef » des moines (je n’ai pas compris comment ils l’appellent) a commencé à réciter des phrases avec une voie grave et monocorde et toute la communauté a suivit. Ca n’a pas duré très longtemps quand on regarde de manière objective – environ 40 min – mais sans rien faire c’est assez long… Heureusement il y avait une très grosse fourmi sur le tapis juste devant moi et elle se baladait pour manger des trucs, alors ça me faisait quelque chose à regarder. Parce que l’auréole de bouddha donnait un peu le mal de mer. Puis on a mangé tous ensemble (mais les moines d’abord). Lorsque les Thaïlandais sont partis, Utpal avait une réunion avec les autres bouddhistes pour préparer la venue du premier ministre du Sri Lanka a fait beaucoup de dons au monastère. J’ai médité (= somnolé) sous un arbre en sirotant du thé en attendant.

Je vous présente : Utpal!
   Nous ne sommes pas rentrés très tard au final mais comme j’avais pleins de choses à faire à la guest house et au marché, je ne suis pas allée plus loin.

   Le soir, j’étais toute seule à la guest house et j’ai eu le plus gros combat de ma vie avec un insecte : un delapoca, 9cm de long sans les antennes (le double avec), 1cm de large. Un monstre. Je vous passe les détails du combat, comment je me suis emmitouflée dans 2 sarwal kameez, mis mes chaussures etc. pour réussir à le tuer mais faites attention : même avec la moitié du corps arraché, les delapocas ont encore la tête et les antennes qui bougent très vite ! C’est absolument flippant. J’ai vraiment eu l’impression d’être comme dans un jeu vidéo, quand on arrive à la fin du niveau, qu’on est bien entrainé (dans mon cas avec les tiques volantes et les vers à pattes) et qu’il faut affronter le monstre. Je suis fin prête pour passer au niveau supérieur : qu’y z-y viennent ! (Note optimiste : Utpal m’a expliqué qu’il existe des delapocas qui volent. Je pense que j’aurais préféré ne pas savoir).
...Et Farouk! (le Chae wallah du bureau)


   Le lendemain, j’ai rejoins Yves chez lui (il m’avait envoyé son chauffeur) et nous sommes partis ensemble pour le chantier naval Tara Tari. Là-bas il y a entre autre 3 Français très sympa : Thibaut, Corentin (qui sont tous les deux des « habitués », ils sont là depuis environ un an) et Ary (qui est en stage pour 6 mois lui aussi). Thibaut m’a montré le processus de fabrication des modèles réduits de bateaux traditionnels du Bangladesh par la dernière génération de charpentiers qui sait les faire. Les modèles réduits servent à fixer les techniques pour ne pas perdre le savoir ancestral. Ils fabriquent aussi des bateaux de pêche en fibre de verre insubmersibles (c’est très intéressant le mode de fabrication), des bateaux traditionnels taille réelle, et en ce moment ils réparent et réaménagent un des deux bateaux hôpitaux de Friendship. Puis Ary et Corentin m’ont emmené visiter une usine de transformation du jute. C’était génial ! Le processus est très similaire à celui utilisé pour la laine avec cardage, filage etc. J’avais pris mon appareil photo, mais je n’osais pas trop m’en servir, au final à plusieurs moments, ce sont eux qui m’ont demandé à ce que je les prenne ! C’était amusant… Quelques photos de l’usine : (je les mets ce soir)
Le tri des fibre. Plus elles claires et dorées, plus la qualité est bonne

   Nous avons aussi commencé à discuter de la faisabilité d’un bateau-moulin à eau dont j’ai eu l’idée et qui permettrait d’utiliser le courant de la rivière pour créer de l’électricité. Je vous donnerai plus de détails dès que j’aurai précisé ce dont nous avons besoin et ce que nous pouvons faire.

   Le chantier naval est un très bel endroit, tellement paisible comparé à ma chambre de la guest house… Les 3 compères sont en train de se fabriquer des bateaux pour faire des mini-régates sur le fleuve. Ils utilisent chacun une technique différente ce qui donne lieu à des débats animé sur les choix qu’ils font (baume ? Pas baume ? Dérive ? Pas dérive ?), c’est assez marrant de les entendre ! Enfin, pas de soucis à se faire pour eux, il me semble qu’ils sont plutôt heureux. C’était une très bonne journée, ça fait vraiment du bien de sortir de Dhaka se mettre au vert, de discuter en Français avec des gens sympas (autour d’un apéro pastis / saucisson : le grand luxe !), de visiter une usine (vraiment j’aime ça), de découvrir comment naissent les bateaux etc… Top !

   Je suis rentrée sur Dhaka avec Yves, il m’apprend plein de choses sur la mentalité des gens, leur manière de vivre, le gouvernement etc. C’est très chouette !


   Dimanche a marqué ma rencontre avec Ayeleen, ma tutrice de stage. Encore un très bon moment, elle a une pèche d’enfer, pense à tout… On a fait un point sur tout ce dont j’avais besoin, elle m’a indiqué pleins de trucs cools à faire, une école de bangla où je vais pouvoir rencontrer d’autres gens, elle va (à priori) faire en sorte que Sultana et Fatima lavent mon linge et pleins d’autres trucs très sympa.
Puis nous sommes entrés dans le vif du sujet, je lui ai présenté le document que j’avais préparé. Elle était tout à fait intéressée et est d’accord sur le fait qu’il y a certaines pistes à creuser. Il y a deux choses principales qu’elle m’a expliquées : le principal problème de Friendship est de garder les gens qui y travaillent. En effet, travailler pour une ONG n’a ici pas du tout le caractère valorisant / « prestige » que nous autre occidentaux attribuons à ce genre de job, les gens qui « réussissent » vont dans les banques ou font du business. Ce qui n’est pas facile à gérer pour un organisme comme Friendship. L’autre difficulté est le fait que les volontaires qui viennent aider ne restent que rarement plus de quelques mois. Donc ils ont en général de super idées, ils sont très bon à monter des projets, mais ils ne trouvent pas les fonds et ne suivent pas la réalisation du projet donc tout tombe aux oubliettes. Nous avons donc toutes les deux envisagé que je reste plus longtemps que les 6 mois du stage… J’ai bien dit envisagé ! Rien n’est décidé et rien ne sera décidé avant un bon moment mais ça fait partie des possibilités (on le savait déjà…).


   Autre fait important pour moi, mon départ pour les chars est prévu en début de semaine prochaine, c'est-à-dire dimanche ou lundi et je vais rester dans les chars pendant au moins 2 semaines. Je suis ra-vie ! Là-bas je vais retrouver un responsable du projet solaire, et je suis sensée en faire un « mini-moi » selon les termes d’Ayeleen, c’est-à-dire qu’il doit savoir et comprendre tout ce que je fais pour qu’au moment de mon départ, il puisse continuer dans la lancée. Je serai donc en contact permanent avec Kabir (il me semble que ce sera lui mais ça peut changer d’après ce que j’ai compris).


   Enfin, hier (lundi donc) j’ai eu mon premier cours de Bengali (ou Bangla comme on dit ici) ! Tous les jours à partir de maintenant je vais donc aller à la HEED school entre 10h et 12h pour deux heures de Bangla intensives. Nous sommes 3 dans la classe, il y a avec moi Nathan (Australien) et Yuko (Japonaise) qui bossent aussi pour des ONG (globalement, tout le monde travaille pour une ONG là-bas). Notre prof s’appelle Pulok et il est très pédagogue, donc ça va donner. Mon seul problème est que je vais rater 2 semaines de cours, et vu la vitesse à laquelle ça va, je ne sais pas trop comment je vais faire pour rattraper. Enfin, je trouverai bien un moyen. Cette école est en réalité une ONG qui s’est dit « pour que les gens qui viennent nous aider puissent le faire correctement, il faut qu’ils puissent parler notre langue, donc on va leur proposer des cours pas chers ». Et c’est très réussit comme résultat. L’autre gros avantage à aller là-bas est de rencontrer d’autres gens. Il n’y a presque que des étrangers ou quelques Bangladeshis qui apprennent à parler anglais et l’ambiance est joviale comme tout. 


   Je me suis aussi racheté 3 sarwal kameez pour préparer mon départ dans les chars, mais cette fois-ci je les ais pris pas cher donc : il faut d’abord trouver le tissu dans les marchés à tissu, puis on va chez un gars qui copie un sarwal kameez que j’ai déjà (en l’occurrence le blanc car c’est celui qui était le mieux coupé). J’en aurai donc un bleu et jaune, un bleu et violet et un rouge d’ici la fin de la semaine. C’est tout à fait plaisant de pouvoir s’habiller de toute les couleurs, à chaque fois que je sors je m’émerveille devant les tenues si colorées et chatoyantes des femmes…

   Et là, je viens tout juste de rencontrer Runa (la femme de Yves), la grande chef de Friendship. Elle a l’air très gentille, de bien connaitre les gens, et est très belle. Je ne sais pas si je vais travailler directement avec elle, probablement pas.

   Comment va la France ?!
   Bise à chacun, à bientôt pour la suite…