mardi 26 juillet 2011

Malade, de la pluie et des sangsues mais HEUREUSE (suite et fin)

Mes hommages les amis!

   Je me suis arrêtée un peu abruptement la dernière fois, voici la suite et fin de l’aventure Népalaise, pardonnez-moi pour le retard indécent avec lequel je partage ces quelques mots avec vous…
Rappel des épisodes précédents : je suis dans la montagne avec le Guide Krishna, nous redescendons du Tsergo Ri, c’est très beau et je suis malade et heureuse.

     Jour 6 : La jungle, le retour
   Encore une nuit difficile. Décidément ! Moi qui me faisais une joie de dormir dans mon nouveau sac de couchage vert perdue dans la montagne, c’est pas tout à fait ça. Au réveil, mal de tête carabiné, je tousse, et courbatures dignes de ce nom, autant vous dire que les 8h de marche et 1200m de dénivelé prévus me paraissent inabordables.
   Grâce à l’aspirine et à une altitude beaucoup plus clémente, je suis un petit peu plus en forme qu’hier mais je suis étonnement et énervement faible. En chemin nous croisons d’autres singes qui jouent dans les branches. Ils sont ahurissants. Krishna me dit qu’ils peuvent sauter d’arbres en arbres à des hauteurs pas possibles car ils n’ont pas de cœur. En fait ils n’ont pas peur, et comme la peur vient du cœur, ceci explique cela. J’aime bien entendre les explications locales…
   Au milieu de la journée, nous avons le choix de rentrer à Katmandou ou de continuer. La facilité avec laquelle je fais mon choix m’étonne. Ce ne sont pas vraiment les conditions rêvées pour un trek et pourtant je préfère de très très loin être là plutôt que dans une ville. La question ne se pose même pas en réalité.
   Néanmoins je ne fais pas la fière niveau condition physique et il m’est techniquement impossible de faire le tour prévu. Je pense que Krishna est un peu déçu de ne pas faire le grand tour mais qu’il comprend vu mon état et mon allure incroyablement lente. Demain nous allons donc à un autre village situé à 2h de marche seulement et le surlendemain nous redescendrons dans la vallée pour prendre un bus vers Katmandou. Nous sommes sur le chemin du retour, déjà.
   Après la majeur partie de la marche sous la pluie et mes premières morsures de sangsues, nous arrivons à une Guest House pas très jolie ni confortable mais tout me va. La douche particulièrement est marrante : elle est ouverte à tout va, pas tout à fait pour les gens pudiques… Mais je suis trempée et ça fait deux jours que je ne me suis pas douchée et à ce moment-là je m’en fiche un peu de ne pas être parfaitement pudique. D’autant plus que la plupart des gens sont chez eux à cause de la pluie torrentielle. L’avantage c’est que j’ai mon très bon matériel acheté pour le GR20 et toutes mes affaires sont sèches !
   Soirée habituelle et nous allons nous coucher. Ma chambre sent la peinture bizarre, ce n’est pas très agréable mais je suis fatiguée…

     Jour 7 : Le repos des braves
   Ce matin au réveil il pleut. Pour de bon. Donc nous décidons de retourner nous coucher et de décider plus tard ce que nous ferons. Au final, comme je préfère rester dans la montagne que de passer une journée complète à Katmandou, nous avons décidé de passer un jour complet ici et nous irons demain à l’étape prochaine. La journée s’écoule donc tranquille, entre parties de cartes, lecture (« Les Rois Maudits » me tiennent en haleine !), échecs, discussion et lessive avec la femme qui s’occupe de la maison. Depuis que nous sommes arrivés elle est extrêmement sérieuse mais les sourires répétés de ma part commencent à peser dans la balance et comme elle connait quelques mots d’anglais nous arrivons à discuter un peu. Nous avons presque le même âge. Mais pas la même vie… Elle a les plus longs cheveux que je n’ai jamais vus.
   Dans l’après-midi je vais marcher un peu, pour prendre quelques photos. Je croise des enfants, visiblement très contents d’avoir un peu de nouveauté pendant cette ennuyeuse journée de mousson. Ils cherchent dans mes poches sans gêne et je comprendrais plus tard que ce qu’ils me disent « Tchiklète » veut dire « Chocolat » - avec un accent anglais plus qu’approximatif – . Ils ne perdent pas le Nord ces petiots-là !
   Je suis ravie de cette journée cool sans téléphone ni internet ni effort à fournir. Ca fait du bien. C’est tellement agréable de prendre le temps. De jouer, de penser, d’écrire, de lire.

     Jour 8 : Fin de la vraie montagne
   Ce matin il fait presque beau, avec même un bout de ciel bleu. C’est beau. Nous nous préparons sans nous bousculer. Mon dilemme depuis la veille est de savoir combien je laisse de pourboire. J’hésite entre 300 Roupies (un peu plus que le prix d’un repas) et le petit flacon de crème à la rose qui fait partie des choses « muscle-mollet » que j’ai emportées je ne sais pour quelle raison. Finalement je n’arrive pas à me décider, je ne trouve pas le bon moment et je n’ai rien laissé. Je me sens un peu bête. C’est d’autant plus dommage que la maîtresse de maison, était sympa. Tant pis.
   Nous voilà donc partis. J’ai adoré la marche de ce matin. Bien reposée, ce n’était pas la lutte et le soleil nous a fait l’honneur d’un semblant d’apparition ! Comme nous n’étions sensés marcher que deux heures, j’ai pris tout mon temps, m’arrêtant pour prendre des photos et profiter des jolies fleurs…
   Au bout d’une heure et demie nous étions déjà arrivés à destination et j’avais les jambes qui me démangeaient. Pas du tout envie de m’arrêter là. Autant j’ai apprécié prendre le temps lorsque je n’étais pas bien, autant aujourd’hui j’ai envie de marcher le plus possible. Nous modifions donc une fois de plus nos plans (quel confort !) et aujourd’hui nous marchons jusque Benchi où nous étions sensés prendre le bus le surlendemain.
   Donc nous voilà repartis. L’heure et demie qui suit est un régal, du nectar pour mes sens avides de montagne. Puis nous déjeunons dans un petit village au bord de la route. L’ambiance change radicalement. Exit « colchiques dans les près » c’est plutôt « à la queue leu leu ». Il y a énormément d’enfants qui m’apostrophent joyeusement pour me demander du « Tchiklète » et les jeunes de mon âge me dévisagent sans gêne aucune. Ah tiens, ça m’avait pas manqué ça. Je commence à me demander si j’ai bien fait de continuer au lieu de rester dans la montagne. En dehors des villages on croise du monde mais pas trop et je ne croise presque qu’aucun touriste.
   Malgré ça, cette ambiance moins montagne isolée, même si on est encore dans un endroit très reculé et dans les montagnes, sonne comme une fin de vacances.

     Jour 9 : Marchons gaiement
   Après une bonne nuit de sommeil (enfin !) et un petit dej’ digne de ce nom nous voilà partis pour la ville. La première partie de la journée se passe dans le brouillard sous la pluie mais le moral est très bon : j’ai eu l’idée que j’attendais depuis trois semaines pour avoir une piste et régler nos problèmes de prix de l’électricité dans le projet avec GDF Suez en même temps que la génération de revenus des habitants. Ca ne va pas être simple mais ça va être top ! Et puis ça réunit plein de trucs auxquels je crois. J’ai hâte d’en parler à Raphaële.
   Nous marchons d’un bon pas et au bout de 3h sans pause mes pieds commencent à se souvenir qu’ils ne sont pas sensés marcher aussi longtemps sans récompense. Mais il faudra qu’ils attendent encore un peu.
   Nous arrivons au passage où la route n’est plus carrossable et donc à la portion que nous avions faite à pieds à l’aller. C’est incroyable à quel point ça a changé en si peu de temps. Certaines portions de route sont presque réparées mais d’autres – plus nombreuses – sont carrément déglinguées par les glissements de terrain. Il y en a même un qui a lieu sous nos yeux. C’en est un progressif, c’est-à-dire que les pierres ne tombent pas en même temps mais les uns après les autres, en continu.
   Il y a à cet endroit 4 gars assis qui observent ce qui se passe. Je les comprends, le spectacle est plutôt pittoresque : tous ceux qui veulent continuer leur chemin hésitent 5 min, constatent que ça ne sert à rien d’attendre et finissent pas passer le morceau en prenant leurs jambes à leur cou, tout en surveillant d’un œil très inquiet ce qui leur arrive par-dessus.
   Krishna et moi nous nous élançons et je sens bien qu’il n’est pas serein. Moi ça m’amuse plutôt, les pierres ne sont pas très grosses et on les entend tomber avant qu’elles n’arrivent  alors bon.
   En fait, les 4 gars sont venus jusqu’ici en 4X4 pour transporter des touristes et ils se sont retrouvés bloqués par un gros glissement de terrain. Les dégâts sont considérables et la route ne peut pas être réparée d’ici la fin de la mousson. Ce qui fait au bas mot deux mois de manque à gagner pour le propriétaire de la voiture immobilisée…
   Au bout de 4h de marche, nous faisons notre première pause pour déguster des samossas qui ressemblent beaucoup à des singara du Bangladesh que Krishan a achetés le matin même. On s’amuse car il y a des sangsues partout. Krishna s’est encore fait piquer. Mes seules piqures remontent à deux jours avant et en fait c’est plutôt marrant. Les sangsues sont des animaux étranges et vicieux. Elles sont de forme tubulaire, très légèrement coniques et n’ont que deux points de fixation, un à chaque extrémité. Elles se déplacent comme les vers de terre dans les dessins animés et on ne sait pas « où est le cul-cul, où est la tê-tête ». J’ai fait des schémas – extrêmement techniques – , je vous montrerai les photos. Krishna m’a expliqué qu’elles ne boivent que le sang mort – il faut comprendre le sang pas oxygéné –.
   Mais revenons-en à la journée. 2h plus tard nous arrivons à un patelin un peu plus grand que les autres où nous déjeunons de Dalbhat (photos à venir), le plat traditionnel du Népal. Il nous reste approximativement 200 m de dénivelé sur une pente assez raide pour se retrouver dans la vallée et se poser dans un hôtel.
   Nous prenons donc tout notre temps. Il fait beau, il fait chaud – adieu fraicheur exquise des montagnes –, les papillons voltigent et les oiseaux chantent. Cerise sur le gâteau, nous ne sommes pas sur la route mais sur un très joli petit sentier. On s’arrête régulièrement à l’ombre de très beau et très grands arbres et on discute politique et fin du monde, nos deux sujets favoris en profitant de la vue relativement dégagée pour observer le monde qui nous entoure.
   Lorsque nous arrivons à la fameuse bourgade, nous sommes en nage et j’ai hâte de prendre une bonne douche. Le hic imprévu est qu’il n’y a pas d’hôtel, nous devons donc marcher jusqu’à la prochaine ville 8km plus loin. Après 8h de marche, 8km ça parait pas tout près. Mais nous n’avons pas le choix et notre petite troupe se met en route vaillamment. Puis la pluie se met à tomber en trombe et c’est la totale. Heureusement que Krishna a un sens de l’humour chouette, on se raconte des blagues, on guette avidement les bornes kilométriques pour mesurer notre progression tout en cueillant des mangues que nous mangeons en marchant.
   Il y a quand même un point positif à tout ça : j’observe les gens dans les champs et le paysage vu d’en bas. Considérant le fait qu’à l’aller j’ai dormi presque tout le temps, je n’avais pas du tout imprimé ni l’un ni l’autre.
   Finalement, après 10h de marche et complètement trempés, nous voilà enfin arrivés dans le meilleur hôtel de la ville et le plus miteux dans lequel je n’ai jamais été. Ben oui, les touristes ne s’arrêtent jamais là d’habitude et ça ne vole pas haut.
   Mais après une douche – épique – et quelques parties de Roumi Népali avec Krishna on voit toujours la vie du bon côté.

     Retour à Katmandou et à la maison
   Puis c’est le retour dans la ville. Après 50 bornes c’est-à-dire à peine plus de 4h de bus nous arrivons à Katmandou. J’ai maintenant hâte de rentrer chez moi. L’après-midi se passe entre coup de fils pour prendre des nouvelles et en donner, shopping de touriste et jus de mangue en bouquinant… C’est pas désagréable mais l’ambiance piège à touristes, les filles en micro-jupe et les interpellations incessantes des tenanciers de boutiques en tout genre me pèsent. Je ne suis pas dans ce monde-là depuis que j’habite au Bangladesh où trouver une carte postale relève du miracle.
   Le dirigeant de Outdoor Himalayan m’invite pour diner, je crois qu’il veut donner une bonne image de sa boîte. OK c’est sympa mais il est moyennement – voir pas – intéressant et j’aime autant bouquiner devant un bon petit plat.
   Le lendemain je n’ai pas tant de temps que ça avant de prendre l’avion. Lorsque j’ai acheté mes billets, j’ai eu le choix entre GMG et Biman, deux compagnies Bangladaises qui se valent en termes de non fiabilité. Le prix du billet étant le même, j’ai choisit au pif GMG. Grand bien m’en a pris ! L’avion Biman du jour pour rentrer à Dhaka était annulé…

   Et je suis arrivée chez moi. Home Sweet Home… J’ai fait la connaissance de Ingrid, ma nouvelle colloc’ Norvégienne (avec Viky, l’autre stagiaire à l’ambassade de Norvège, ne perdez pas le fil) qui est très sympa ! Elle est championne de son pays en aviron et elle mange des quantités de nourriture incroyables. Je me sens toute fluette à côté d’elle. Non pas qu’elle soit grosse, loin de là mais elle mange au moins le double de moi. Elle a aussi un super sens de l’humour, ça se passe de mieux en mieux à mesure qu’on commence à se connaitre, c’est très chouette. J’ai beaucoup de chance avec cet appart et ces chouettes colloc’.

   Je l’avais laissé entendre dans le précédent message: le retour au Bangladesh a été mouvementé. Promis, je vous raconte ça très bientôt mais préparez-vous à de sacrées nouvelles… !

jeudi 7 juillet 2011

Malade, de la pluie et des sangsues mais HEUREUSE

Hello!

   Me voilà de retour, entière, heureuse, reposée et pleine de nouvelles idées! Et il en faut, le retour au travail est très mouvementé...

   Mais prenons les choses dans l'ordre.

   Le départ au Népal a été très précipité considérant tout ce qu'il y avait à faire la dernière semaine et le fait que j'étais malade.

   Je me suis donc retrouvée parachutée à l'aéroport ne sachant même pas exactement ce qu'il y avait dans mon sac, je n'avais bien entendu ni réservé d’hôtel, ni de trek ni rien. Des vacances moins préparées je ne sais pas si c'est possible.

   Mais j'étais soulagée de partir. J'en avais vraiment besoin. Ma seule frayeur était que mon avion soit annulé, ce qui est très souvent le cas sur la ligne Dhaka - Kathmandu. Ayant passé la douane - avec la confirmation que je n'avais pas besoin d'aller demander une extension de visa à l'ambassade de Bangladesh au Népal - me voilà dans l'avion à lire le plus possible de choses dans le guide sur le Népal que l'on m'a prêté .

   A l'arrivée tout a été très vite. Plusieurs hôtels (Guest House comme ils disent) ont leur comptoir à l'aéroport, j'en ai choisi une et me voilà dans un taxi avec Badri, un gars travaillant pour Outdoor Himalayan, une agence de trekking en route vers la Pilgrims Guest House où je dépose mes affaires avant de suivre Badri au bureau de son agence de Trek. Là on a discuté de ce qu'il était possible de faire, j'ai choisi un trek pas trop loin de Katmandou pour ne pas perdre 3 jours dans le bus et pas trop difficile parce que je ne me sentais pas en pleine forme.

   Arrivée à 16h, à 18h tout était réglé, j'avais le matériel et rendez-vous avec mon guide le lendemain matin à 6h pour prendre le bus public vers là où nous commençons le Trek. La fin de la journée s'est écoulée en flânant dans les rues et en faisant quelques emplettes. Et oui, il était prévu que je ne revienne à Katmandou que le matin de mon départ et il était probable que j'aille directement de la montagne à l'aéroport sans passer par la case "shopping souvenir à Katmandou".
J'ai écris deux ou trois choses dans ces belles montagnes, voici quelques extraits pour essayer de rendre ici la saveur de cette marche:

     Jour 1: Le bus public Népalais
   Partie avec deux sacs à dos, un petit et un grand, j'avais la possibilité d'en laisser un à Katmandou. J'ai fait mon choix n'importe comment! Encore dans le rush du départ et fatiguée, je me suis retrouvée à prendre des choses qui n'ont servit qu'à me muscler un peu plus les mollets. J'appréhendais un peu la rencontre avec le guide parce que je ne voulais pas me retrouver coincée 11 jours avec un gars relou. Mais il est arrivé tiré à quatre épingles, en chemise, pantalon de costume et chaussures de marche avec un sourire sympa, une bonne première impression quoi.
   Puis nous voilà partis avec le bus public, surchargé évidemment, savamment décoré et avec des places minuscules. En théorie il y en a pour 7h de route mais on ne sait jamais vraiment ce qu'il en sera en réalité. Le bus n'est pas très bien fichu, avec les fenêtres trop basses, donc pendant tout un temps je ne vois que le bas-coté de la route. Un caniveau quoi.
   Et pourtant. Je remarque qu'il est en montée et rien que ça ça m'émeut!
   Soudain c'est le virage qui change tout : les flancs des montagnes tapissés de rizières d'un très beau vert s'offrent à ma vue, avec juste le rayon de soleil qu'il faut pour tout mettre en valeur... Ça y est, je suis en vacances.
   Puis ce sont les cahots qui rythment la journée. Je dors la plupart du temps, le paysage étant largement masqué par les nuages de la mousson. Lorsque j’ouvre les yeux c’est pour apercevoir le précipice ou la route défoncée vers laquelle nous fonçons et je me dis qu’il n’est pas plus mal de dormir. D’autant plus que je ne suis toujours pas reposée.
   7h plus tard, fin de la route mais pas fin du voyage. La chaussée est tellement abîmée par les glissements de terrain qui ont lieu pendant la mousson que le bus ne peut plus passer. Nous nous dégourdissons donc les jambes avec 2h de marche avant de reprendre un autre bus là où la route est de nouveau praticable. Je suis très impressionnée par les autres gens du bus. Ils attaquent ce morceau en portant des sacs supers lourds à l’aide d’une sangle passant sur le front ce qui leur donne une allure de vieillards courbés et fait un peu peine à voir. Le tout en sandales en plastique pourries. OK, le chemin, quoique impraticable pour le bus n’est pas mauvais mais il n’empêche. Je réalise au même moment que tout ce qui arrive à la ville où nous allons transite par là, à dos d’hommes/femmes.
   Dans le deuxième bus, reprise des cahots maintenant presque familiers pour arriver trois heures plus tard à Syabru Bensi, 1400m d’altitude, petite ville au bord du torrent (sacré torrent).
   Nous nous installons dans une guest house charmante, sans eau chaude où je ne tarde pas à aller dormir. Nous croiserons là les seules touristes que je verrais dans les montagnes. Elles viennent de finir et repartent à Katmandou le lendemain matin.

     Jour 2 : La jungle
   Après une bonne nuit de sommeil et un réveil pas trop tôt, nous quittons enfin la route pour un petit sentier charmant. Bien entendu le temps est gris – ce n’est pas la mousson pour rien – mais au moins il ne pleut pas.
   Le guide, Krishna, bien que très gentil n’a pas l’air tout à fait ravi d’être là, de mon côté je jubile. Au bout d’1/2h de marche il se visse ses écouteurs de MP3 aux oreilles en m’expliquant que le temps passera plus vite. Ah bon. Mais je n’ai pas tellement envie que le temps passe vite moi.
   Nous avançons à un bon rythme sur un chemin très beau. Krishna me montre les sangsues, petites et grosses, les nids d’abeilles desquels on peut tirer jusqu’à 5L de miel (!), les plans de marijuana sauvage… C’est une vraie jungle ! A la pause déjeuner, j’aperçois deux singes qui s’épouillent et dégringolent à une vitesse fulgurante dès que j’approche d’un peu près.
   Il ne pleut pas mais tout est humide, mouillé…
   Avec 8h de marche et 1400m de dénivelé positif (non cumulé) dans les gambettes, je ne suis pas fâchée d’arriver ! L’endroit est superbe et alors que les nuages se font de plus en plus dense – dans la mesure du possible, ils le sont déjà pas mal – j’entrevois la forme des montagnes qui nous environnent. Vivement le réveil de demain matin !
   Une fois posée le sac dans ma chambre avec une super vue pour demain matin, je retrouve avec délice la routine des treks : douche glacée, que je dois bricoler car il n’y a pas d’eau courante, puis lessive avec un bout de savon. Nous sommes arrivés au bon moment, la pluie commence à tomber.
   Après cette chouette journée de mise dans le bain, me voilà avec un thé citron et un peu le cafard de me retrouver toute seule dans un endroit aussi chouette. Malgré tout je en sais pas pourquoi mais je sens que ça va me faire du bien de déconnecter vraiment et de tout pendant 10 jours.
   Je m’endors en écoutant la pluie battante, l’esprit serein, c’est divin.
   Nom de la guest house où je dors : Godda Tabela
   Altitude : 2800m

     Jour 3 : Les choses sérieuses commencent
   Le réveil a supplanté toutes mes espérances. Je me suis levée en même temps que le soleil, sous un ciel sans nuages. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai découvert le cadre somptueux dans lequel j’évolue depuis la vieille. Époustouflant, subjuguant, imposant, énergisant, intimidant, les adjectifs me manquent pour exprimer une telle jouissance. Oui, je suis bel et bien une fille de la montagne, s'il y a jamais eu un doute, je n'en ai plus.
   Après un bon petit dej’ de pain tibétain et les préparatifs d’usage nous voilà repartis. Les deux premières heures sont splendides et quoique le ciel se couvre de plus en plus je déguste cette petite marche de bon matin sous un rayon de soleil de plus en plus timide.
   Assez vite je la déguste aussi physiquement : on ne se lance pas impunément dans un trek Népalais sans préparation et l’effort de la veille se fait un plaisir de se rappeler à mon bon souvenir. C’est aussi le mal aux pieds familier du GR20 qui fête son grand retour.
   Sans douter que je vais arriver au bout, le moral en prend un coup à mesure que se révèle mes faiblesses et que les sommets se dispersent dans le brouillard.
   Ce qui est top c’est que Krishna est très fiable dans les horaires qu’il donne (nous n’avons pas de carte) et je peux planifier moralement les moments difficiles.
   La dernière heure n’est pas simple : je craque et mets mon MP3, c’est vrai que ça aide…
   Arrivés à la Namasté Guest House, à 3850m d’altitude, nous déjeunons et enchaînons par une petite sieste, réparatrice. Au réveil, quoique le ciel soit chargé de nuages, j’ai la très bonne surprise d’un beau rayon de soleil permettant d’apercevoir ces montagnes si belles.
   Krishna m’emmène visiter la fabrique de fromage du village puis le temple. Étant donné que nous sommes à la frontière Tibétaine, la population est très majoritairement Bouddhiste alors que le Népal dans son ensemble est plutôt Hindou. A côté du temple il y a une maison en construction et c’est visiblement la pause déjeuner. Une cinquantaine de personnes, hommes femmes et enfants sont en train de manger des MO-MO, sorte de calzone locale aux épinards cuite à la vapeur. Ils nous en offrent, ce qui est très sympa, et j’en mange deux. Impossible d’en avaler plus, ça arrache leur truc !
   Au début dans le temple Bouddhiste il n’y a personne, ce qui me permet de faire quelques photos, puis tous les lamas et apprentis lamas, une trentaine en tout, entrent et se mettent à lire à haute voix leur livre saint respectif. Ça fait une sacrée cacophonie (c’est le cas de le dire hahaha) ! J’ai compris qu’ils ont une centaine de livres très gros à lire comme ça, puis ils rentrent à Katmandou ou dans un autre temple. Ils en avaient encore pour une petite semaine.
   Après un bout de lessive, je m’installe à discuter avec Krishna. C’est très sympa. J’apprécie le fait qu’il n’ait pas agit dès le premier jour comme si on était archi-potes, comme ça a l’air d’être le cas dans le coin. Nous parlons pas mal religion, politique, réglementation pour être guide, avenir de l’humanité. Ce sont les sujets qui reviendront dans presque toutes nos discussions. Vaste programme !
   Pour l’instant nous avons déjà gagné un jour de marche sur notre planning et il a l’air plutôt content de bien avancer comme ça. J’appréhende quand même un peu demain. Nous avons 1100m de dénivelé positifs qui nous attendent, dont 900 au-dessus de 4000m d’altitude, j’espère que je vais tenir le coup. Pour l’instant, mis à part le fait que je essouffle plus vite que d’ordinaire, je n’ai aucun symptôme du mal des montagnes, ni mal de tête, ni vertiges, ni nausées.
   Tout en appréhendant, je suis très excitée à l’idée de faire mon premier 5000. Je ne m’y attendais pas ! C’est absolument génial de me retrouver seule touriste ici, je n’en crois pas ma chance. Même si mes échanges avec la population locale sont limités, je sens bien que ce n’est pas pareil qu’en pleine saison. Et j’aime ça !

     Jour 4 : L’aventure 5000
   Quelle journée mes enfants ! Tout a commencé par une nuit pas top du tout, je ne sais pas si j’ai eu de la fièvre mais j’ai eu chaud / froid, des maux de tête, la nausée et je me suis réveillée plein de fois. Le réveil définitif à 5h30 n’augure rien de bon, je ne me sens pas en forme et il pleut.
   Petit dej’ de porridge (c’est vraiment pas goutu comme plat), je n’ai réussit à n’en avaler qu’à peine un quart de bol tellement j’ai l’impression que je vais vomir. Ça ne pèse pas lourd dans l’estomac tout ça. Puis la pluie se calme un peu et nous décidons de partir. Je sens bien que Krishna a hésité lui aussi. Mais comme nous n’avons aucune garantie que demain sera mieux…
   Grand luxe : je ne porte que mon appareil photo ! Je me sens légère… Au bout de 20 min de plat – jusque là ça va – nous devons franchir une rivière assez large à l’eau marronnasse qui pue. Krishna s’élance en premier et en deux-trois enjambées le voilà de l’autre côté. Le problème c’est que le courant est assez fort et que le niveau d’eau monte à une vitesse hallucinante ! En 30sec de temps je ne peux plus passer au même endroit que Krishna et je me retrouve sur une petite île dont la taille diminue à vue d’œil. En catastrophe j’enlève chaussures, chaussettes, je relève mon pantalon et je m’élance. Me croyant à l’abri de l’autre côté, je remets une chaussette avant de lever les yeux et de réaliser que suis de nouveau sur une île. Branle bas de combat, j’enlève tout et vais me rechausser carrément plus loin sous le regard amusé de Krishna qui évidemment n’a rien perdu de la scène.
   Après ce temps de récréation fort jovial, les choses sérieuses commencent : nous voilà au pied de la première des montées raides et je peux vous assurer que ça ne rigole pas. D’autant moins lorsque l’on est à 4000m de haut et que le moindre pas se fait sentir douloureusement.
   La première heure ne se passe pas trop mal, le sommet, que l’on aperçoit, a l’air de plus en plus loin mais la vue sur les montagnes environnantes efface tous les maux et le moral est bon. Il y a pas mal de fleurs, je suis bluffée par la diversité de la végétation. Krishna m’explique qu’il ne faut pas s’amuser à sentir les jolies fleurs car en cette saison un bon nombre sont toxiques et on n’a pas vraiment besoin de ça aujourd’hui.
   Puis le moral commence à en prendre un coup à mesure que mes pas se font de plus en plus lents et que j’ai l’impression que je vais vomir à chaque respiration.
   A ce moment-là, je suis absolument déterminée à aller jusqu’au bout mais je me demande si pour ma santé ce n’est pas plus prudent de renoncer. Je le sais, le plus dur n’est pas de tenir bon mais plutôt d’admettre qu’on ne peut plus continuer.
   Je ne sais pas si ces nausée incessantes sont liées à ce que je trimbale de Dhaka depuis 3 mois ou si c’est le mal des montagnes mais ce que je sais c’est que c’est un peu pénible quand même.
   Pour essayer de surmonter ça, je me mets un peu de musique dans les oreilles. Mais ça ne colle pas. Même si ça rends chaque pas un tout petit peu moins douloureux, ça ne me satisfait pas et j’abandonne cette idée assez vite.
   Alors, instinctivement, je reprends ma vieille technique des moments difficiles (surtout utilisée quand je vais courir) et je me mets à compter mes pas. Je regarde l’heure à 1, puis je compte le plus régulièrement possible jusque 200. Pendant ces 200 pas, je ne regarde pas ni le sommet, ni ma montre. Et ça paye. A raison de 200 pas toutes les 5 minutes, j’arrive à rassembler assez de force pour les 200 pas suivants et ce jusqu’à la prochaine pause, 15 ou 20 min plus tard. L’avantage de cette technique est qu’elle ne m’empêche pas de regarder le paysage – ce n’est que le sommet que j’évite de regarder – et que je peux doser mon effort car il y a un début et une fin.
   Après chaque pause, les 3 premiers pas sont faciles, puis je lutte de toutes mes forces jusqu’à 70 avant de retrouver mon rythme de croisière. Entre chaque pause, j’ai 3 ou 4 sessions de 200 pas, ce qui n’est pas peu. Mais avec cette technique, mon esprit reste occupé et le moral remonte en flèche.
   Finalement, sur un compte de pas presque rond me voilà au sommet. On n’y voit presque rien à cause du brouillard – oui, c’est extrêmement frustrant – et je suis à bout de forces comme je pense que je ne l’ai jamais été. Mais quelle joie ! Quelle fierté ! J’enfile la veste chaude que Krishna m’a porté et vraiment je suis bien, en paix.
   Je ne pense pas que l’on se construise uniquement dans la douleur mais ce genre d’épreuves laissent peut-être leur trace et façonnent un peu ce que nous sommes. Du moins ça me plait de penser ça.
   Au sommet du Tsergo Ri, 5033m d’altitude, nous prenons notre temps, bien au chaud dans nos manteaux. Par moment les nuages se lèvent un peu, laissant apparaître quelques parcelles de splendeur qui m’enchantent…
   Je suis très étonnée que nous n’ayons pas de neige à cette altitude. Mais apparemment elle ne tient en cette saison qu’à partir de 6000m. Il faut dire que pour les Népalais les sommets en-dessous de 6000m ne sont pas des « montagnes », tout au plus des « pics » ou « falaises ». Krishna me dit en rigolant « en-dessous de 6000, ce sont les montagnes des touristes hahaha ! » Hahaha effectivement…
   C’est très bizarre de se sentir aussi petit alors qu’on est déjà à quelques 5000m de haut. Le Népal est vraiment un pays dingue.
   Krishna a emmené des chanachurs, genre de gâteaux d’apéros épicés (que j’aime bien !) au cas où pour combler les petits creux de nos estomacs mais impossible d’en avaler. Par ailleurs, je commençais à piquer du nez, avec une grande envie de faire la sieste, mais Krishna m’a expliqué qu’il connaissait des gens qui ne se sont jamais réveillés. C’est sûr, c’est le genre d’argument qu’on écoute.
   Puis nous sommes redescendus, au pas de course. Je suis stupéfaite à quel point il est tellement, mais alors tellement plus rapide de descendre ! Mais pour sûr, ça fait chauffer les cuisses.
   Nous avons fait une pause et peu de temps après je me suis aperçue que j’avais perdu le sac étanche de mon appareil photo. Inenvisageable pour moi de retourner le chercher mais Krishna, sans hésitation me laisse pour essayer de le retrouver. En l’attendant j’ai chanté faux à tue-tête pour ne pas m’endormir. L’altitude ça vous assomme sans faire de cadeau.
   Puis Krishna revient avec mon sac (youpi !) et nous continuons à dévaler la pente. En chemin nous recroisons des yaks, silhouettes irréelles dans leur manteau de brouillard et plus loin Kishna échange deux mots avec le propriétaire des yaks qui monte les chercher pour les ramener au village et les traire. Hé bé, ça c’est pas un métier facile. Et si vous aviez vu sa tenue…
   Au retour, la fameuse rivière a doublé depuis ce matin et je ne quitte pas Krishna d’une semelle pour traverser. Visiblement ce n’est pas fini, la rivière continue de s’agrandir à vue d’œil. On a bien fait de passer aujourd’hui !
   Et nous voilà arrivés au village. Je suis exténuée, heureuse et nauséeuse. Après 1100m de dénivelé positifs, un peu moins de 4h de montée et 2h de descente, on le serait à moins.
   C’était une superbe ascension, très difficile, rythmée par le compte de mes pas et les glaciers qui craquent, je m’en souviendrais longtemps.

     Jour 5 : La descente aux enfers
   Une des pires nuits que j’ai jamais eues. Un  mélange de mal de tête et d’envie de vomir. J’ai passé la majeure partie de la nuit réveillée, brûlante et franchement pas bien. La journée de la veille a été éprouvante et il faut croire qu’on ne passe pas impunément de 1m à 5000m d’altitude en moins de 5 jours, le corps humain a son mot à dire.
   Réveil très difficile donc, je suis à deux doigts de vomir mes deux cuillères de muesli au lait de Nyak (saviez-vous que la femelle du yak s’appelle Nyak ? Sympa comme nom). Krishna voit bien que je suis mal en point et il échange nos sacs. C’est nécessaire. Les heures de marche qui s’ensuivent sont plus que douloureuses. S’il y a plus de 4 pas en montée à faire j’ai l’impression de m’évanouir et l’envie de vomir ne me lâche pas d’une semelle. Je ne me suis jamais sentie aussi faible et dans ma tête je commence à rentrer direct au Bangladesh pour de là-bas me faire rapatrier en France, c’est dire !
   Heureusement, heureusement que c’était une journée de descente uniquement. Je n’aurais pas été bien loin sinon.
   Une fois arrivée, avec 1000m de dénivelé en moins ça va déjà beaucoup mieux. Au moins je n’ai plus mal à la tête et la nausée a l’air de s’estomper elle aussi.
   Sur les conseils de Krishna je ne fais pas la sieste (selon lui dans ce cas on dort mieux la nuit) et l’après-midi se passe à jouer au Roumi Népali avec le lama – propriétaire des lieux, j’adore ! Ses mains particulièrement sont étonnantes – aux échecs, à bouquiner. J’arrive même à avaler mon plat de pâtes, c’est dire si le moral est revenu.
   Avec Krishna, nous avons des discussions vraiment sympas. Il me raconte un peu sa vie à Katmandou, très ennuyeuse à ce qu’il m’en dit, au Népal il n’y a pas de travail. La nouvelle génération qui a un niveau d’étude suffisant part travailler à l’étranger mais lui qui vient d’un milieu très modeste, ses parents sont fermiers et sa sœur aînée ne sait ni lire ni écrire car elle s’occupait de lui et son frère au lieu d’aller à l’école, ne peut s’offrir ce luxe-là. Il me semble qu’il se donne encore 4-5 ans de voir si des opportunités s’offrent à lui au Népal avant d’aller tenter sa chance ailleurs. Ce n’est que depuis que j’ai débarqué au Bangladesh que je réalise à quel point être née Française est plus que merveilleux. Bien entendu pour la qualité de vie mais aussi et surtout pour la liberté que ça donne.
   Enfin. Je dirais qu’aujourd’hui était une journée extrêmement contrastée avec un début plus que difficile et une après midi tranquilou qui remonte le moral.
   Apparemment demain nous devons pas mal marcher. En soit ça ne me fait pas trop peur, j’ai juste pas envie, mais alors pas envie du tout de dormir une fois de plus à haute altitude. Je crois que le prochain plus haut point que nous devons passer est dans 3 jours et s’élève à 4950m tant que nous dormons sous la barre des 3000 moi ça me va (même si c’est irréel de faire 2000m de dénivelé en une journée).

   Il commence à ce faire tard, la suite au prochain épisode, et puis vous commencez à comprendre, j’en ai bavé… Mais j’ai adoré ! C’est absolument mon truc les treks en montagne et ce ne sont pas la pluie, les sangsues ou les maux de tête qui me gâcheront mon plaisir.

   A très bientôt pour la suite des aventures…

PS: quelques photos au prochain message (mais malheureusement il n'y en  pas de vraiment chouette)

vendredi 24 juin 2011

MOUAHAHAHAHAAAA

Hello!!

Un tout petit message pour vous dire qu'aujourd'hui c'est le grand jour : je m'envole pour le Népal! Mon programme : aujourd'hui trouver une agence de trek, choisir un trek de 9 jours et demi, louer des chaussures, acheter un duvet, un pull et des chaussettes et demain je pars dans la montagne pour n'en redescendre que 3h avant mon vol de retour.


Je n'emmène pas mon ordi et je ne pense pas avoir accès à internet avant de rentrer à Dhaka (le pied). Je vous souhaite donc une bonne quinzaine et à la prochaine!

Je débranche

mardi 21 juin 2011

Chars et compagnie

Hello!

   Première nouvelle : hortal n'a pas duré et j'ai pu aller à Kurigram, dans les chars concernées par le projet pilote. Le but de cette session était de collecter les données auprès des potentiels utilisateurs de nos réseaux pour à la fois ajuster la solution technique qu'on va mettre en œuvre mais aussi pour mesurer certains indicateurs sociaux et les comparer avec les mesures que nous ferons tout au long du projet pilote. Cela devrait nous permettre de voir si les gens se couchent plus tard, s'il changent leurs habitudes alimentaires parce qu'ils ont accès à un frigo, s'ils se sentent plus en sécurité etc.
   La mission ne commençait pas très bien: les étudiants sont arrivés plus d'1h30 en retard le premier jour. Je les ais attrapés... Il y avait un vrai enjeux à ce qu'ils fassent les choses sérieusement car je ne pouvais pas rester toute la durée de la collecte sur le terrain, je devais donc m'assurer qu'ils pouvaient être autonomes. Après des débuts difficiles les choses se sont très nettement améliorées et ils se sont investis de manière très sérieuse et sympa dans le projet. Comme d'habitude, chaque passage dans les chars amène son lot de surprises et de découvertes. Dernières en date: lors d'une interview que j'observais, l'étudiant demande son prénom à la femme interviewé. Elle lui répond "Mohila". Mohila veux dire "Femme" en Bangla. Cette femme n'a pas de prénom. Heureusement ce n'est pas toujours le cas mais certaines femmes ne sont pas considérées - et encore pire : ne se considèrent pas - comme des êtres humains. Autre chose, à un moment je discutais avec un groupe d'hommes et de femmes sans interprète. J'adore ces moments où il n'y a personne d'autre que moi, les villageois sont vraiment plus détendus et ils ont plus envie de me parler directement. Bref, après les questions d'usages, cad pays d'origine, mariée / pas mariée et qu'est-ce que je pense du Bangladesh nous avons parlé de mes habits. Je portais un Sarwal Kamiz on ne peut plus classique. Les hommes m'ont expliqué qu'ils n'aimaient pas du tout lorsque des étrangères venaient avec des habits d'occidentales parce que "ça fait tourner la tête de leur femme". A ce moment précis mon acolyte habituel des chars est arrivé et lorsque les habitants lui ont expliqué notre sujet de conversation il a cru que je n'avais pas compris et m'a traduit " Personne parmi les villageois n'aime les habits des occidentales". Lorsque j'ai émis un doute il m'a coupé et m'a affirmé que même les femmes n'aiment pas ça. Un peu confuse j'ai ensuite demandé en aparté aux femmes ce qu'elles en pensaient vraiment et elle m'ont chuchoté que si, elles aiment les habits des occidentales mais elles n'ont pas le droit de les aimer à cause de leur mari. Pour ce genre de choses, c'est vraiment trop cool de commencer à me débrouiller en Bangla. Le mois prochain je commence l'écriture! Elle est très belle (mais pour l'instant je n'ai absolument aucune idée de ce que ça veut dire) :
    Mais revenons à nos moutons : ce séjour m'a demandé une énergie folle parce que vraiment ils ne sont pas autonomes mais ça en vaut définitivement la peine. Je vous raconterai les résultats après le Népal.

   Pendant que j'étais dans les chars, il y a eu des élections locales.Donc déjà il y a des affiches partout. Elles se ressemblent toutes, avec une photo en gros de la personne (homme ou femme!) et un symbole. Le symbole, une télé, un ananas, une machine à coudre, des fleurs etc. permet aux analphabètes de pouvoir voter pour la personne de leur choix : ils n'ont qu'à sélectionner le bon dessin. Shihab était étonné de savoir que chez nous il n'y a que des noms sur les bulletins de vote, une fois de plus je n'ai pas eu le courage de lui dire que le nombre d'analphabète en France est tellement faible que nous n'avons pas besoin d'un système de ce genre (peut-être devrions-nous? Est-ce de la discrimination? Je ne connais pas les chiffres)... Ici aussi il y a la règle du "pas d'acte de campagne pendant les 24h qui précèdent les élections" mais nous avons croisé des candidats la veille, alors j'ai des doutes sur le respect de cette règle, et ce n'est pas mon seul doute.

   Le retour a Dhaka a été chaotique, nous avons mis 4h de plus que prévu en bus à cause d'un accident sur l'unique voie de circulation, puis nous nous sommes embourbés dans la gadoue, puis nous sommes tombés en panne dans une poule verte qui nous emmenait de la station de bus à chez moi, le tout, sous une pluie torrentielle - de mousson quoi - donc résultats des courses : 5h de sommeil, arrivée à 12h au lieu de 5h30 et j'ai raté le brunch de départ d'Emma au Radison... Parce que oui, Emma est partie! Ça fait bizarre, on est tout perdus avec Viky parce que "Emma knows everything" et que c'était vraiment sympa de vivre avec elle. Mais en même temps elle avait très envie de partir vivre en Israël alors je suis contente pour elle que ça ait été possible.

   Comme après chaque voyage dans les chars, quelques photos :
https://picasaweb.google.com/MarieDollly/UnPeuDeToutMaisSurtoutDesChars?authkey=Gv1sRgCMaD38LUoLf8ZQ&feat=email

   Sinon après 7 jours de combats entre les squatters de mon estomac et les renforts de médocs et pas d'amélioration définitive, je me suis décidée à aller voir LE médecin de Dhaka. Bon ben ça casse pas 3 pattes à un canard. Il m'a reçue debout 2min30 dans son cabinet, il n'a pas écouté tous les symptômes, m'a demandé 4 fois si j'avais de la diarhée (en 2min30 quand même) alors que la réponse est restée négative les 4 fois et a fini par me demander de faire une analyse de sang. J'ai eu les résultats et tout est normal. Je suis maintenant sensée lui donner un échantillon de selles mais d'une part je ne me réjouie pas à l'idée de faire caca dans un petit pot, aussi joli soit-il (=> rouge), et d'autre part je n'ai absolument pas confiance en son diagnostic. Donc je vais laisser trainer un peu on verra bien. Une médecin de Friendship (celle dont je partageais la cabine quand je dormais dans le bateau hôpital) m'a donné un sirop à prendre, je vais essayer. Ce n'est peut-être qu'un truc lié à la chaleur et ça passera quand je serai au Népal donc je ne vais pas me prendre la tête maintenant.

   Mis à part ça, j'ai trouvé un cours de pilates (sorte de gym complémentaire de la danse classique) qui est pas mal du tout : on se retrouve à 30 dans une salle ni climatisée ni ventilée pour faire des mouvements sur un bout de tapis. Ça fait rêver n'est-ce pas?! Il n'empêche que ça me fait un bien fou de me dépenser, on fait travailler tous les muscles pendant une heure, ça détend et c'est tout près de chez moi. J'apprécie! A partir de septembre je pense que je vais essayer de trouver un cours de danse indienne. S'il y a bien un endroit où je peux faire ça de manière pratique c'est ici...

   Sur ce, plus que 3 jours avant le départ au Népal, je vais peut-être essayer de me réserver un hôtel...

lundi 13 juin 2011

Du nouveau sous les tropiques ?

   Hey!

   Quoi de neuf par chez vous?

(je n'ai pas les pieds très propres, c'est vrai)
    Si les insectes étaient un genre de pokémon ou de carte magic on peut dire que ceux que je rencontre maintenant sont définitivement plus puissants qu'au début. Dernières avancées : après le delapoca vivant et le delapoca vivant dans les cheveux pour se réveiller, j'ai croisé la route d'un de leur copain non identifié mais qui a assurément marqué son passage. je vous laisse constater les dégâts :

    Au début ça gratte un peu mais ensuite c'est juste gênant. Puis me voilà passée aux choses sérieuses :
Dans la cour des grands
 Cette charmante petite bête qui faisait la taille de ma main a donné lieu à une des chasses les plus marrantes de l'histoire :
   La vidéo est malheureusement en anglais, la langue officielle de l'appartement, et je ne sais pas mettre de sous-titres, mais vous pouvez entendre Viky et Emma, mes colocataires, débattre sur la stratégie à suivre pour faire fuir cette charmante petite bête. Toute la difficulté étant de la faire sortir de l'appartement sans pour autant lui faire de mal (l'aider à "sauter" du plafond rentre dans cette catégorie) car Emma est végétarienne depuis l'age de treize an car elle n'aime pas la manière dont les animaux sont tués. Ce qui nous a compliqué un peu la tâche mais au final c'est elle qui a tenu le balais.

   Et tant qu'on y est je vais vous donner quelques news de mes hôtes, ie les bestioles qui vivent dans mon estomac. Hé bien figurez-vous que mis à part le fait que j'ai envie de vomir presque tout le temps ça va beaucoup mieux! Mon ventre ressemble de moins en moins à celui d'une femme enceinte (en deux jours j'ai perdu deux mois de grossesse, j'en suis donc à 4 mois) ce qui me fait penser qu'écouter les conseils d'Emma est la bonne stratégie. J'ai quand même été faire un tour sur internet pour voir ce qu'il était dit et ce n'était pas une bonne idée. C'est fou le nombre de parasites qui peuvent vivre à l'intérieur de notre corps. A la fin j'étais encore plus perdue qu'avant de regarder et lorsque je suis tombée sur des histoires de bestioles horribles qui finissent invariablement par donner la mort dans d'atroces souffrances j'ai arrêté et je me suis dit que j'ai bien de la chance de n'avoir que de gentils petits amibes qui veulent juste un peu de sang. Mais comme quand même s'ils pouvaient arrêter ce serait bien, je me suis mise à prendre les médocs.

   Sur un autre sujet, c'est un poil tendu au Bangladesh en ce moment. Le parti d'opposition (BNP) a fait appel à la grève dimanche dernier (le dimanche ici est l'équivalent du lundi en France) et de nouveau ce dimanche. Ici on appelle la grève "Hortal". Cette fois-ci, hortal est prévu non seulement dimanche mais aussi lundi. Dimanche dernier, "seulement" 11 bus on été brûlés. Je vous rassure tout de suite, dans le quartier où je vis et même dans les quartiers environnants je ne risque absolument rien. Je vous rappelle que Dhaka compte 12 millions d'habitants donc il y peut y avoir des évènement très violents qui ne sont même pas perceptibles de là où je vis autrement que par le nombre étonnamment faible de voitures dans les rues. En effet, les gens qui habitent loin ne veulent pas traverser les zones à risque (et ils ont raison!) pour venir au boulot. Ca donne une ambiance un peu spéciale. Le bruit court qu'hortal va être reconduit pendant 5 jours. Certains expats évoquent la dernière fois où il y a eu 3 mois d'immobilisation du pays. Je n'ai aucune idée de la probabilité que cela se reproduise. Ce que je sais c'est que tout le monde, étrangers et locaux, s'accordent pour dire que l'opposition ne vaut pas mieux que le parti au pouvoir. Ce n'est pas pour rien que le Bangladesh a été élu le pays le plus corrompu du monde il y a quelques années de ça.

   Comme je vous le disais, globalement ça ne change rien à ma vie bangladeshie mais si ça dure, je vais peut-être devoir repousser mon travail sur le terrain. Et oui, je suis sensée partir mercredi pour 3 jours dans les chars pour former l'équipe de recherche et initier la collecte des données pour le projet, autant d'un point de vue technique que sociologique. Donc je ne sais pas si ce voyage va avoir lieu, et je sais encore moins le résultat que je vais obtenir même si les choses se passent comme prévus. Ce n'est pas triste les rebondissements en tout cas...

   Mis à part ça, ma carte bleue s'est mise à l'ère du temps et elle fait hortal elle aussi. Les machines me disent toutes que je n'ai plus un rond sur mon compte, ce qui est un poil inquiétant. Mais lorsque je suis allée vérifier sur internet, j'ai encore mes sous. Emma me dit qu'il est possible que la banque ait bloqué ma carte car elle trouve ça bizarre que plusieurs retraits soient effectués depuis l'étranger. Venant de ma banque ça ne m'étonnerais pas qu'ils soient aussi stupides mais c'est quand même pas très pratique. J'ai 5€ jusqu'à mardi. De quoi est-ce que je me plains, même ça c'est plus du triple que la moitié de la population. C'est pas toujours simple de jongler avec cet aspect là de la vie au Bangladesh. Le fait de voir un contraste de mode de vie absolument dingue. Je suis loin du mode de vie des expats qui ont un chauffeur, 2 cuisiniers, 3 femmes de ménage et un appart immense et à des années lumière des gens qui vivent dans la rue. Même sans être aussi extrême que ça, je suis très loin du mode de vie du gars qui prépare le thé au boulot, ou de Habib qui s'occupe de la guest house. Ce dernier, après 10 ans de bons et loyaux services pour Friendship, est payé 8300 Taka par mois soit à peine plus de 85€ / mois pour nourrir ses 3 filles, sa femme, ses parents et son frère. Rien à voir avec chez nous n'est-ce pas? Et pourtant. Même avec cette infranchissable barrière de mode de vie, je m'entends très bien avec Habib, je rigole franchement avec les vendeurs du marché quand j'essaie de leur expliquer que je cherche des betteraves, j'échange des sourires plus que lumineux avec les femmes qui transportent des briques sur leur tête toute la journée. Je n'ai pas d'explication ou de justification. Tout n'est pas rose, je me fait aussi insulter (même si je ne comprends pas ce qu'il disent, quelques fois on n'a pas besoin de comprendre les mots), ou je croise des regards noirs, je déprime aussi, en voyant des enfants de 3-4 ans laver des voitures au feu rouge pour essayer de gagner quelques Taka. Mais tout ça n'est pas que douleur et lutte. Quand Habib me dit "je suis très pauvre mais très heureux" en anglais approximatif, ses yeux et son sourire me racontent qu'il l'est vraiment. La vie n'est pas simple. Pour l'instant et pour simplifier, je ne vois pas d'autre terme pour décrire ce sentiment. "Pas simple".

   Ce soir je suis allée boire un verre avec des expats. Je me suis aperçue que la majorité d'entre eux vivent dans une bulle englobant leur appart, leur voiture, leur bureau, les clubs occidentaux et c'est tout. Même ceux qui travaillent dans des ONG. Je trouve ça un peu dommage, il y a tellement de trucs chouettes à essayer... A chacun de trouver son équilibre entre la vie à la Bangadeshie et la vie à l'occidentale au Bangladesh. Heureusement que Emma n'est pas comme ça. Il y a plein de sujets sur lesquels on n'est pas d'accord mais s'il y a bien un point où on se retrouve c'est sur notre vision du Bangladesh en tant qu'occidentales.

   Bon, assez de sujets de débats pour ce soir, notez vos arguments et on en reparle quand je rentre!

mardi 7 juin 2011

Manger avec les mains c'est sain et enfantin

Bonjour à tous!

   Chose promise chose due : petit cours pour manger efficacement et aussi proprement que possible avec les mains. Tout d'abord et par mesure de sécurité, retenez qu'il ne faut jamais essayer de manger quelque chose de trop chaud avec les mains. Même si vous avez trèèès faim. Parce que ce n'est pas comme la soupe qui brûle la langue et vous embête pendant 2 jours quand vous essayez de boire votre café matinal. Non. C'est le bout de tous vos doigts de la main avec laquelle vous faites tout (si vous êtes droitiers) qui est douloureux, quand vous tournez une page, tapez à l'ordi ou remettez votre foulard correctement sur l'épaule. Croyez-en mon expérience pénible, ça ne vaut pas le coup d'essayer. Cela étant dit, il y a 3 étapes (4 pour les débutants et les pas doués) pour manger à la Bangla style:
           1. Touiller avec entrain son riz et son carry pour obtenir une mixture humide. Attention, le carry est servi dans un bol séparé du riz. Il consiste en un petit - tout petit - bout de solide (poisson, poulet ou plus rarement légumes ou oeuf) qui nage dans un liquide plus ou moins rouge. La quantité de liquide que vous versez dans le riz avec le solide détermine non seulement le degré d'humidité du mélange mais également l'épicéticité du plat que vous allez manger. Petite mise en garde cependant, la couleur n'est pas un bon repère pour savoir si le carry va arracher ou pas. C'est l'étape stratégique, l'anticipation.
           2. Vous attaquez ensuite l'étape de la concentration. Faire une boulette de riz avec le bout des doigt puis par un savant mouvement de rotation de la main, positionner la boulette dans la cuillère humaine (avec votre main droite, faire la forme d'une cuillère paume de la main vers le ciel, le bout du pouce à la base du majeur et le petit doigt au-dessus de l'annulaire).
           3. Par une subtile et gracieuse pouchette du pouce, enfourner la boulette dans la bouche. Un petit conseil de sioux, au début on essaye de ne pas mettre les doigts dans la bouche pour ne pas avoir à les sucer, mais c'est là qu'est l'erreur parce qu'on perd alors contact avec la boulette et il devient impossible de la guider jusqu'à la bouche. Le mot d'ordre est donc de mettre la boulette ET les doigts dans la bouche. C'est l'étape délicate, celle qui sépare les habitués des débutants. Parce que si le mélange n'a pas été dosé correctement, ou si la pouchette n'est pas rectiligne la punition est immédiate : un filet de jus rouge sur le menton avec quelques grains de riz collés dans le meilleur des cas ou, pire, une boulette et sa sauce indélébile sur les genoux.
           4. Ce qui nous emmène donc à l'étape que je qualifierai du sauvetage disgracieux. Celle où vous devez vous servir de la main gauche pour tenter tant bien que mal de réparer les dégâts le plus discrètement possible, sous le regard réprobateur / amusé des spectateurs. Je parle de spectateurs car il ne faut pas vous leurrer, en tant que bideshi (=étranger) on vous observe à la loupe - je ne compte pas les fois où j'ai été filmée/prise en photo en train de manger dans un petit bouiboui -.

   Héhé, j'aime vraiment bien manger avec les mains. Bien sûr, quand je me retrouve au resto avec des gens civilisés et que je dois manger avec des couverts je trouve ça beaucoup plus distingué mais quand même, je ne peux pas m'empêcher de préférer la bouffe active. Mais il faut que je reconnaisse une limite de ce mode de nutrition, il est difficile de manger des aliments gros et/ou longs. Les pâtes par exemple c'est pas simple.

   Voilà! Je compte sur vous pour pratiquer et me montrer quand je reviens. Une petite chose encore, les Bangladeshis sont globalement très fiers de leur pays et trouvent des raisons pour expliquer pourquoi la manière dont ils font les choses est mieux qu'à l'étranger. C'est donc en discutant avec un tenancier de restaurant que j'ai appris que manger avec les mains est beaucoup plus hygiénique que de manger avec des couverts car "tes mains tu les laves avant de manger, donc tu es sûr qu'elles sont propres, alors qu'une fourchette... Qui sait où elle a trainé avant d’atterrir entre tes doigts?" C'est pas faux. Mais je n'ai pas eu le courage de lui dire que chez nous on est sûrs que la fourchette est propre...

   Ça n'a absolument rien à voir mais je voulais vous en parler : dans exactement 17 jours (le 24 juin donc) je pars pour 10 jours... au NEPAL!! Mouahaha, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles et je ne suis pas prête de m'en défaire. Même le fait de savoir qu'il va pleuvoir tout le temps, que je ne verrais probablement pas les sommets et qu'il y a pleins de sangsues n’entame pas le moins du monde ma joie primaire à la perspective de voir du relief et de la vraie nature sauvage. Ça c'est aussi un point très chouette d'habiter au Bangladesh. je sens que je vais me faire des petites virées au Sri Lanka, en Inde, en Thaïlande, en Mongolie aussi peut-être? J'ai pas fini d'aller me balader.

   Bon sinon je suis un poil malade, à priori il y a des petite bêtes qui vivent dans mon estomac (des amibes). Les symptômes sont plutôt sympa : quand je mange, même juste un peu, j'ai la nausée, puis j'ai le ventre qui gonfle comme si j'étais enceinte de 6 mois (sans rire). Ça dure 3-4 heures, puis j'ai de nouveau faim et dès que je mange ça recommence. On m'a conseillé deux trucs : de prendre des antibio ou alors de prendre deux types d'anti amibiques, un qui les tues dans l'intestin et l'autre dans l'estomac. Je ne sais pas trop. Pourquoi ne pas aller chez le docteur me direz-vous? C'est une question pertinente. Mais vu les échos que j'ai eu, le docteur ne fait pas d'analyses et donne l'un ou l'autre médicament un peu au pif (du moins c'est la rumeur). Alors pourquoi dépenser des sous pour en venir au même résultat? Je ne sais pas... Ma colloc', Emma, m'a dit qu'elle est restée 4 mois avec des symptômes très similaires alors ma vie n'est pas en danger. Je n'ai pas très envie de prendre des médicaments au pif. On verra bien. En tout cas pour l'instant ça ne m’empêche pas de vivre tranquilou et qui sait, je perdrai peut-être un ou deux kilos dans l'affaire. Positivons que diable!

   Sur ces bonnes paroles j'espère que je ne vous ais pas coupé l'appétit et je vous dit à bientôt!

jeudi 2 juin 2011

J'ai une maison !

Salut la compagnie!

   Bonne nouvelle du soir, bonsoir : j'ai une VRAIE maison! Ce matin, Sigrun est partie... Pour fêter ça dignement nous sommes allées (Sigrun Emma et moi) petit déjeuner dans un très grand hotel avec pleins d'étoiles (Radison Hotel, je ne sais pas si c'est une chaine) et c'était divin...! Et ce soir en rentrant du boulot : déménagement. Je suis donc passée du canapé du salon à une vraie chambre juste pour moi. Le canapé était tout à fait confortable mais ce matin je me suis réveillée vers 6h à cause d'un bruit un peu bizarre de suçon, j'avais un delapoca - vivant bien entendu - dans les cheveux! Oui, le gros insecte que j'avais eu tant de mal à tuer la première fois que je l'avais vu. C'est vous dire si j'ai passé des niveaux en résistance aux insectes. Je n'ai même pas paniqué; mais je l'ai enlevé rapidement quand même. Bref, je suis maintenant dans ma nouvelle chambre, que j'ai ré-arrangée avec une commode en plus qui vient de la chambre de Viky. Ce dernier a une théorie assez sympa, il garde toutes ses affaires dans sa valise pendant tout le temps où il est là comme ça lorsqu'il s'en va, il n'a pas à la faire, tout est déjà prêt. C'est pas mal mais ça ne marche que si le volume d'affaires ne change pas, vous l'aurez compris, pour moi c'est rappé (comment ça s'écrit?). J'ai aussi une salle de bain juste pour moi, avec un mélangeur pour le robinet du lavabo, même s'il n'y a jamais d'eau chaude, et ni bac de douche ni rideau. Je pense que je vais me mettre à la mode Bangladeshie, c'est à dire que pour se doucher il faut d'abord remplir un grand baquet d'eau puis se le renverser progressivement dessus avec un pot. C'est non seulement plus "actif" et marrant mais en plus ça économise de l'eau, parce que c'est plus galère. Il ne me reste qu'un dernier trajet à faire de la guest house vers la maison, accrocher des trucs sympa aux murs et le déménagement sera terminé!

   Sans transition je me permet d'attirer votre attention sur le fait que depuis quelques temps j'ai mis un onglet "suivre par mail" en haut à droite du blog. Si vous entrez votre adresse mail là-dedans, normalement vous êtes informé à chaque fois qu'un nouveau message est posté. Je ne sais pas si ça intéresse certains d'entre vous... D'autre part, j'aimerais faire un petit sondage parmi vous pour connaitre votre opinion sur le fait que je me fasse faire un piercing au nez (je vois ta tête d'ici Papa) (et ça me fait bien rigoler!). Parce que je me pose sérieusement la question. Là aussi libre à vous de participer ou non, c'est anonyme, gratuit et sans engagement! Vous avez jusqu'au 12 juin minuit pour donner votre avis.

   J'avais aussi noté deux ou trois trucs à vous raconter : une de mes collègues qui travaille pour la partie recherche de Friendship m'a fait part d'une réflexion que j'ai trouvé intéressante. Elle a travaillé un an en Angleterre et est restée émerveillée par le fait que tout le monde lit tout le temps et partout. Dans le bus, dans le métro, sur les bancs, dans les restos... Pour elle c'est une vraie preuve du fait que les gens sont tous très cultivés et éduqués. C'est une réalité au Bangladesh, pour peu qu'on prenne des rickshaws, des bus publics et discute avec des cuisiniers, on se rend compte qu'une partie non négligeable et tout à fait accessible de la population ne sait ni lire ni écrire. C'est quelque chose de non imaginable en Europe. Elle est aussi restée charmée par le fait qu'absolument tout est écrit : le mode d'emploi du lave vaisselle, la manière de lire un plan de métro, la règle du jeu, la recette de cuisine. Ce qui la choque c'est qu'on n'a jamais besoin de demander à quelqu'un! C'est elle qui m'a fait réaliser à quel point ici on ne peut rien faire sans demander à d'autres gens, des expats, des collègues, des gens dans la rue... Un autre aspect qui l'a profondément marqué c'est la liberté qu'elle a ressenti. Liberté par rapport à la communauté. Selon elle les européens font ce qu'ils veulent sans que leurs voisins ne leur casse les pieds ou que les cousins rappliquent. C'est vrai que ce n'est pas la même chose ici! Une autre collègue, la trentaine, mariée et faisant partie de la haute société Bangladaise m'a demandé si mes parents savaient que je mange avec les mains et s'ils m'autorisaient à le faire. C'est dire! Il faut quand même que je précise qu'elle a beaucoup aimé sa liberté en Angleterre et que le retour chez ses parents a été difficile (elle habite encore chez ses parents - à 33 ans - car elle n'est pas mariée) mais elle trouve quand même que les occidentaux ne font pas assez attention à la famille. C'est un éternel débat ici, les Bangladeshis ne comprennent pas du tout le concept de maison de retraite...

   Récemment j'ai crevé en vélo juste en arrivant à l'école de bangla. Après le cours j'ai donc demandé comment fallait-il que je m'y prenne pour réparer à celui qui s'occupe du thé (il est en vélo lui aussi). Il m'a très gentiment guidée à un croisement de rues où un autre gars m'a fait une rustine de fortune, c'est à dire qu'il a collé un morceau d'une autre chambre à air avec une colle qu'il étalait à la main. Mais il m'a prévenue que ça ne durerai pas très longtemps et qu'il allait falloir que je change le pneu (très très usé et tout percé) ainsi que la chambre à air. J'ai quand même pu rentrer au boulot pour l'après midi. En sortant, je suis allée voir un autre spot de réparation de vélo - on les repère aux chambres à air qui pendent des câbles électriques - qui était sur ma route. Le gars a tout de suite compris (mon Bangla s'améliore!) et il m'a dit de laisser mon vélo et de revenir le lendemain. C'est étonnant parce que plusieurs expats m'ont dit que je n'allais jamais revoir mon vélo et moi j'étais sûre que si. Et effectivement, le lendemain mon vélo était tout beau tout propre avec un pneu neuf!

   J'ai d'autres trucs à dire mais il se fait tard... Je vous souhaite une très bonne nuit et à très bientôt pour que je vous explique comment manger avec les mains efficacement et (relativement) proprement...