lundi 13 juin 2011

Du nouveau sous les tropiques ?

   Hey!

   Quoi de neuf par chez vous?

(je n'ai pas les pieds très propres, c'est vrai)
    Si les insectes étaient un genre de pokémon ou de carte magic on peut dire que ceux que je rencontre maintenant sont définitivement plus puissants qu'au début. Dernières avancées : après le delapoca vivant et le delapoca vivant dans les cheveux pour se réveiller, j'ai croisé la route d'un de leur copain non identifié mais qui a assurément marqué son passage. je vous laisse constater les dégâts :

    Au début ça gratte un peu mais ensuite c'est juste gênant. Puis me voilà passée aux choses sérieuses :
Dans la cour des grands
 Cette charmante petite bête qui faisait la taille de ma main a donné lieu à une des chasses les plus marrantes de l'histoire :
   La vidéo est malheureusement en anglais, la langue officielle de l'appartement, et je ne sais pas mettre de sous-titres, mais vous pouvez entendre Viky et Emma, mes colocataires, débattre sur la stratégie à suivre pour faire fuir cette charmante petite bête. Toute la difficulté étant de la faire sortir de l'appartement sans pour autant lui faire de mal (l'aider à "sauter" du plafond rentre dans cette catégorie) car Emma est végétarienne depuis l'age de treize an car elle n'aime pas la manière dont les animaux sont tués. Ce qui nous a compliqué un peu la tâche mais au final c'est elle qui a tenu le balais.

   Et tant qu'on y est je vais vous donner quelques news de mes hôtes, ie les bestioles qui vivent dans mon estomac. Hé bien figurez-vous que mis à part le fait que j'ai envie de vomir presque tout le temps ça va beaucoup mieux! Mon ventre ressemble de moins en moins à celui d'une femme enceinte (en deux jours j'ai perdu deux mois de grossesse, j'en suis donc à 4 mois) ce qui me fait penser qu'écouter les conseils d'Emma est la bonne stratégie. J'ai quand même été faire un tour sur internet pour voir ce qu'il était dit et ce n'était pas une bonne idée. C'est fou le nombre de parasites qui peuvent vivre à l'intérieur de notre corps. A la fin j'étais encore plus perdue qu'avant de regarder et lorsque je suis tombée sur des histoires de bestioles horribles qui finissent invariablement par donner la mort dans d'atroces souffrances j'ai arrêté et je me suis dit que j'ai bien de la chance de n'avoir que de gentils petits amibes qui veulent juste un peu de sang. Mais comme quand même s'ils pouvaient arrêter ce serait bien, je me suis mise à prendre les médocs.

   Sur un autre sujet, c'est un poil tendu au Bangladesh en ce moment. Le parti d'opposition (BNP) a fait appel à la grève dimanche dernier (le dimanche ici est l'équivalent du lundi en France) et de nouveau ce dimanche. Ici on appelle la grève "Hortal". Cette fois-ci, hortal est prévu non seulement dimanche mais aussi lundi. Dimanche dernier, "seulement" 11 bus on été brûlés. Je vous rassure tout de suite, dans le quartier où je vis et même dans les quartiers environnants je ne risque absolument rien. Je vous rappelle que Dhaka compte 12 millions d'habitants donc il y peut y avoir des évènement très violents qui ne sont même pas perceptibles de là où je vis autrement que par le nombre étonnamment faible de voitures dans les rues. En effet, les gens qui habitent loin ne veulent pas traverser les zones à risque (et ils ont raison!) pour venir au boulot. Ca donne une ambiance un peu spéciale. Le bruit court qu'hortal va être reconduit pendant 5 jours. Certains expats évoquent la dernière fois où il y a eu 3 mois d'immobilisation du pays. Je n'ai aucune idée de la probabilité que cela se reproduise. Ce que je sais c'est que tout le monde, étrangers et locaux, s'accordent pour dire que l'opposition ne vaut pas mieux que le parti au pouvoir. Ce n'est pas pour rien que le Bangladesh a été élu le pays le plus corrompu du monde il y a quelques années de ça.

   Comme je vous le disais, globalement ça ne change rien à ma vie bangladeshie mais si ça dure, je vais peut-être devoir repousser mon travail sur le terrain. Et oui, je suis sensée partir mercredi pour 3 jours dans les chars pour former l'équipe de recherche et initier la collecte des données pour le projet, autant d'un point de vue technique que sociologique. Donc je ne sais pas si ce voyage va avoir lieu, et je sais encore moins le résultat que je vais obtenir même si les choses se passent comme prévus. Ce n'est pas triste les rebondissements en tout cas...

   Mis à part ça, ma carte bleue s'est mise à l'ère du temps et elle fait hortal elle aussi. Les machines me disent toutes que je n'ai plus un rond sur mon compte, ce qui est un poil inquiétant. Mais lorsque je suis allée vérifier sur internet, j'ai encore mes sous. Emma me dit qu'il est possible que la banque ait bloqué ma carte car elle trouve ça bizarre que plusieurs retraits soient effectués depuis l'étranger. Venant de ma banque ça ne m'étonnerais pas qu'ils soient aussi stupides mais c'est quand même pas très pratique. J'ai 5€ jusqu'à mardi. De quoi est-ce que je me plains, même ça c'est plus du triple que la moitié de la population. C'est pas toujours simple de jongler avec cet aspect là de la vie au Bangladesh. Le fait de voir un contraste de mode de vie absolument dingue. Je suis loin du mode de vie des expats qui ont un chauffeur, 2 cuisiniers, 3 femmes de ménage et un appart immense et à des années lumière des gens qui vivent dans la rue. Même sans être aussi extrême que ça, je suis très loin du mode de vie du gars qui prépare le thé au boulot, ou de Habib qui s'occupe de la guest house. Ce dernier, après 10 ans de bons et loyaux services pour Friendship, est payé 8300 Taka par mois soit à peine plus de 85€ / mois pour nourrir ses 3 filles, sa femme, ses parents et son frère. Rien à voir avec chez nous n'est-ce pas? Et pourtant. Même avec cette infranchissable barrière de mode de vie, je m'entends très bien avec Habib, je rigole franchement avec les vendeurs du marché quand j'essaie de leur expliquer que je cherche des betteraves, j'échange des sourires plus que lumineux avec les femmes qui transportent des briques sur leur tête toute la journée. Je n'ai pas d'explication ou de justification. Tout n'est pas rose, je me fait aussi insulter (même si je ne comprends pas ce qu'il disent, quelques fois on n'a pas besoin de comprendre les mots), ou je croise des regards noirs, je déprime aussi, en voyant des enfants de 3-4 ans laver des voitures au feu rouge pour essayer de gagner quelques Taka. Mais tout ça n'est pas que douleur et lutte. Quand Habib me dit "je suis très pauvre mais très heureux" en anglais approximatif, ses yeux et son sourire me racontent qu'il l'est vraiment. La vie n'est pas simple. Pour l'instant et pour simplifier, je ne vois pas d'autre terme pour décrire ce sentiment. "Pas simple".

   Ce soir je suis allée boire un verre avec des expats. Je me suis aperçue que la majorité d'entre eux vivent dans une bulle englobant leur appart, leur voiture, leur bureau, les clubs occidentaux et c'est tout. Même ceux qui travaillent dans des ONG. Je trouve ça un peu dommage, il y a tellement de trucs chouettes à essayer... A chacun de trouver son équilibre entre la vie à la Bangadeshie et la vie à l'occidentale au Bangladesh. Heureusement que Emma n'est pas comme ça. Il y a plein de sujets sur lesquels on n'est pas d'accord mais s'il y a bien un point où on se retrouve c'est sur notre vision du Bangladesh en tant qu'occidentales.

   Bon, assez de sujets de débats pour ce soir, notez vos arguments et on en reparle quand je rentre!

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