mardi 26 juillet 2011

Malade, de la pluie et des sangsues mais HEUREUSE (suite et fin)

Mes hommages les amis!

   Je me suis arrêtée un peu abruptement la dernière fois, voici la suite et fin de l’aventure Népalaise, pardonnez-moi pour le retard indécent avec lequel je partage ces quelques mots avec vous…
Rappel des épisodes précédents : je suis dans la montagne avec le Guide Krishna, nous redescendons du Tsergo Ri, c’est très beau et je suis malade et heureuse.

     Jour 6 : La jungle, le retour
   Encore une nuit difficile. Décidément ! Moi qui me faisais une joie de dormir dans mon nouveau sac de couchage vert perdue dans la montagne, c’est pas tout à fait ça. Au réveil, mal de tête carabiné, je tousse, et courbatures dignes de ce nom, autant vous dire que les 8h de marche et 1200m de dénivelé prévus me paraissent inabordables.
   Grâce à l’aspirine et à une altitude beaucoup plus clémente, je suis un petit peu plus en forme qu’hier mais je suis étonnement et énervement faible. En chemin nous croisons d’autres singes qui jouent dans les branches. Ils sont ahurissants. Krishna me dit qu’ils peuvent sauter d’arbres en arbres à des hauteurs pas possibles car ils n’ont pas de cœur. En fait ils n’ont pas peur, et comme la peur vient du cœur, ceci explique cela. J’aime bien entendre les explications locales…
   Au milieu de la journée, nous avons le choix de rentrer à Katmandou ou de continuer. La facilité avec laquelle je fais mon choix m’étonne. Ce ne sont pas vraiment les conditions rêvées pour un trek et pourtant je préfère de très très loin être là plutôt que dans une ville. La question ne se pose même pas en réalité.
   Néanmoins je ne fais pas la fière niveau condition physique et il m’est techniquement impossible de faire le tour prévu. Je pense que Krishna est un peu déçu de ne pas faire le grand tour mais qu’il comprend vu mon état et mon allure incroyablement lente. Demain nous allons donc à un autre village situé à 2h de marche seulement et le surlendemain nous redescendrons dans la vallée pour prendre un bus vers Katmandou. Nous sommes sur le chemin du retour, déjà.
   Après la majeur partie de la marche sous la pluie et mes premières morsures de sangsues, nous arrivons à une Guest House pas très jolie ni confortable mais tout me va. La douche particulièrement est marrante : elle est ouverte à tout va, pas tout à fait pour les gens pudiques… Mais je suis trempée et ça fait deux jours que je ne me suis pas douchée et à ce moment-là je m’en fiche un peu de ne pas être parfaitement pudique. D’autant plus que la plupart des gens sont chez eux à cause de la pluie torrentielle. L’avantage c’est que j’ai mon très bon matériel acheté pour le GR20 et toutes mes affaires sont sèches !
   Soirée habituelle et nous allons nous coucher. Ma chambre sent la peinture bizarre, ce n’est pas très agréable mais je suis fatiguée…

     Jour 7 : Le repos des braves
   Ce matin au réveil il pleut. Pour de bon. Donc nous décidons de retourner nous coucher et de décider plus tard ce que nous ferons. Au final, comme je préfère rester dans la montagne que de passer une journée complète à Katmandou, nous avons décidé de passer un jour complet ici et nous irons demain à l’étape prochaine. La journée s’écoule donc tranquille, entre parties de cartes, lecture (« Les Rois Maudits » me tiennent en haleine !), échecs, discussion et lessive avec la femme qui s’occupe de la maison. Depuis que nous sommes arrivés elle est extrêmement sérieuse mais les sourires répétés de ma part commencent à peser dans la balance et comme elle connait quelques mots d’anglais nous arrivons à discuter un peu. Nous avons presque le même âge. Mais pas la même vie… Elle a les plus longs cheveux que je n’ai jamais vus.
   Dans l’après-midi je vais marcher un peu, pour prendre quelques photos. Je croise des enfants, visiblement très contents d’avoir un peu de nouveauté pendant cette ennuyeuse journée de mousson. Ils cherchent dans mes poches sans gêne et je comprendrais plus tard que ce qu’ils me disent « Tchiklète » veut dire « Chocolat » - avec un accent anglais plus qu’approximatif – . Ils ne perdent pas le Nord ces petiots-là !
   Je suis ravie de cette journée cool sans téléphone ni internet ni effort à fournir. Ca fait du bien. C’est tellement agréable de prendre le temps. De jouer, de penser, d’écrire, de lire.

     Jour 8 : Fin de la vraie montagne
   Ce matin il fait presque beau, avec même un bout de ciel bleu. C’est beau. Nous nous préparons sans nous bousculer. Mon dilemme depuis la veille est de savoir combien je laisse de pourboire. J’hésite entre 300 Roupies (un peu plus que le prix d’un repas) et le petit flacon de crème à la rose qui fait partie des choses « muscle-mollet » que j’ai emportées je ne sais pour quelle raison. Finalement je n’arrive pas à me décider, je ne trouve pas le bon moment et je n’ai rien laissé. Je me sens un peu bête. C’est d’autant plus dommage que la maîtresse de maison, était sympa. Tant pis.
   Nous voilà donc partis. J’ai adoré la marche de ce matin. Bien reposée, ce n’était pas la lutte et le soleil nous a fait l’honneur d’un semblant d’apparition ! Comme nous n’étions sensés marcher que deux heures, j’ai pris tout mon temps, m’arrêtant pour prendre des photos et profiter des jolies fleurs…
   Au bout d’une heure et demie nous étions déjà arrivés à destination et j’avais les jambes qui me démangeaient. Pas du tout envie de m’arrêter là. Autant j’ai apprécié prendre le temps lorsque je n’étais pas bien, autant aujourd’hui j’ai envie de marcher le plus possible. Nous modifions donc une fois de plus nos plans (quel confort !) et aujourd’hui nous marchons jusque Benchi où nous étions sensés prendre le bus le surlendemain.
   Donc nous voilà repartis. L’heure et demie qui suit est un régal, du nectar pour mes sens avides de montagne. Puis nous déjeunons dans un petit village au bord de la route. L’ambiance change radicalement. Exit « colchiques dans les près » c’est plutôt « à la queue leu leu ». Il y a énormément d’enfants qui m’apostrophent joyeusement pour me demander du « Tchiklète » et les jeunes de mon âge me dévisagent sans gêne aucune. Ah tiens, ça m’avait pas manqué ça. Je commence à me demander si j’ai bien fait de continuer au lieu de rester dans la montagne. En dehors des villages on croise du monde mais pas trop et je ne croise presque qu’aucun touriste.
   Malgré ça, cette ambiance moins montagne isolée, même si on est encore dans un endroit très reculé et dans les montagnes, sonne comme une fin de vacances.

     Jour 9 : Marchons gaiement
   Après une bonne nuit de sommeil (enfin !) et un petit dej’ digne de ce nom nous voilà partis pour la ville. La première partie de la journée se passe dans le brouillard sous la pluie mais le moral est très bon : j’ai eu l’idée que j’attendais depuis trois semaines pour avoir une piste et régler nos problèmes de prix de l’électricité dans le projet avec GDF Suez en même temps que la génération de revenus des habitants. Ca ne va pas être simple mais ça va être top ! Et puis ça réunit plein de trucs auxquels je crois. J’ai hâte d’en parler à Raphaële.
   Nous marchons d’un bon pas et au bout de 3h sans pause mes pieds commencent à se souvenir qu’ils ne sont pas sensés marcher aussi longtemps sans récompense. Mais il faudra qu’ils attendent encore un peu.
   Nous arrivons au passage où la route n’est plus carrossable et donc à la portion que nous avions faite à pieds à l’aller. C’est incroyable à quel point ça a changé en si peu de temps. Certaines portions de route sont presque réparées mais d’autres – plus nombreuses – sont carrément déglinguées par les glissements de terrain. Il y en a même un qui a lieu sous nos yeux. C’en est un progressif, c’est-à-dire que les pierres ne tombent pas en même temps mais les uns après les autres, en continu.
   Il y a à cet endroit 4 gars assis qui observent ce qui se passe. Je les comprends, le spectacle est plutôt pittoresque : tous ceux qui veulent continuer leur chemin hésitent 5 min, constatent que ça ne sert à rien d’attendre et finissent pas passer le morceau en prenant leurs jambes à leur cou, tout en surveillant d’un œil très inquiet ce qui leur arrive par-dessus.
   Krishna et moi nous nous élançons et je sens bien qu’il n’est pas serein. Moi ça m’amuse plutôt, les pierres ne sont pas très grosses et on les entend tomber avant qu’elles n’arrivent  alors bon.
   En fait, les 4 gars sont venus jusqu’ici en 4X4 pour transporter des touristes et ils se sont retrouvés bloqués par un gros glissement de terrain. Les dégâts sont considérables et la route ne peut pas être réparée d’ici la fin de la mousson. Ce qui fait au bas mot deux mois de manque à gagner pour le propriétaire de la voiture immobilisée…
   Au bout de 4h de marche, nous faisons notre première pause pour déguster des samossas qui ressemblent beaucoup à des singara du Bangladesh que Krishan a achetés le matin même. On s’amuse car il y a des sangsues partout. Krishna s’est encore fait piquer. Mes seules piqures remontent à deux jours avant et en fait c’est plutôt marrant. Les sangsues sont des animaux étranges et vicieux. Elles sont de forme tubulaire, très légèrement coniques et n’ont que deux points de fixation, un à chaque extrémité. Elles se déplacent comme les vers de terre dans les dessins animés et on ne sait pas « où est le cul-cul, où est la tê-tête ». J’ai fait des schémas – extrêmement techniques – , je vous montrerai les photos. Krishna m’a expliqué qu’elles ne boivent que le sang mort – il faut comprendre le sang pas oxygéné –.
   Mais revenons-en à la journée. 2h plus tard nous arrivons à un patelin un peu plus grand que les autres où nous déjeunons de Dalbhat (photos à venir), le plat traditionnel du Népal. Il nous reste approximativement 200 m de dénivelé sur une pente assez raide pour se retrouver dans la vallée et se poser dans un hôtel.
   Nous prenons donc tout notre temps. Il fait beau, il fait chaud – adieu fraicheur exquise des montagnes –, les papillons voltigent et les oiseaux chantent. Cerise sur le gâteau, nous ne sommes pas sur la route mais sur un très joli petit sentier. On s’arrête régulièrement à l’ombre de très beau et très grands arbres et on discute politique et fin du monde, nos deux sujets favoris en profitant de la vue relativement dégagée pour observer le monde qui nous entoure.
   Lorsque nous arrivons à la fameuse bourgade, nous sommes en nage et j’ai hâte de prendre une bonne douche. Le hic imprévu est qu’il n’y a pas d’hôtel, nous devons donc marcher jusqu’à la prochaine ville 8km plus loin. Après 8h de marche, 8km ça parait pas tout près. Mais nous n’avons pas le choix et notre petite troupe se met en route vaillamment. Puis la pluie se met à tomber en trombe et c’est la totale. Heureusement que Krishna a un sens de l’humour chouette, on se raconte des blagues, on guette avidement les bornes kilométriques pour mesurer notre progression tout en cueillant des mangues que nous mangeons en marchant.
   Il y a quand même un point positif à tout ça : j’observe les gens dans les champs et le paysage vu d’en bas. Considérant le fait qu’à l’aller j’ai dormi presque tout le temps, je n’avais pas du tout imprimé ni l’un ni l’autre.
   Finalement, après 10h de marche et complètement trempés, nous voilà enfin arrivés dans le meilleur hôtel de la ville et le plus miteux dans lequel je n’ai jamais été. Ben oui, les touristes ne s’arrêtent jamais là d’habitude et ça ne vole pas haut.
   Mais après une douche – épique – et quelques parties de Roumi Népali avec Krishna on voit toujours la vie du bon côté.

     Retour à Katmandou et à la maison
   Puis c’est le retour dans la ville. Après 50 bornes c’est-à-dire à peine plus de 4h de bus nous arrivons à Katmandou. J’ai maintenant hâte de rentrer chez moi. L’après-midi se passe entre coup de fils pour prendre des nouvelles et en donner, shopping de touriste et jus de mangue en bouquinant… C’est pas désagréable mais l’ambiance piège à touristes, les filles en micro-jupe et les interpellations incessantes des tenanciers de boutiques en tout genre me pèsent. Je ne suis pas dans ce monde-là depuis que j’habite au Bangladesh où trouver une carte postale relève du miracle.
   Le dirigeant de Outdoor Himalayan m’invite pour diner, je crois qu’il veut donner une bonne image de sa boîte. OK c’est sympa mais il est moyennement – voir pas – intéressant et j’aime autant bouquiner devant un bon petit plat.
   Le lendemain je n’ai pas tant de temps que ça avant de prendre l’avion. Lorsque j’ai acheté mes billets, j’ai eu le choix entre GMG et Biman, deux compagnies Bangladaises qui se valent en termes de non fiabilité. Le prix du billet étant le même, j’ai choisit au pif GMG. Grand bien m’en a pris ! L’avion Biman du jour pour rentrer à Dhaka était annulé…

   Et je suis arrivée chez moi. Home Sweet Home… J’ai fait la connaissance de Ingrid, ma nouvelle colloc’ Norvégienne (avec Viky, l’autre stagiaire à l’ambassade de Norvège, ne perdez pas le fil) qui est très sympa ! Elle est championne de son pays en aviron et elle mange des quantités de nourriture incroyables. Je me sens toute fluette à côté d’elle. Non pas qu’elle soit grosse, loin de là mais elle mange au moins le double de moi. Elle a aussi un super sens de l’humour, ça se passe de mieux en mieux à mesure qu’on commence à se connaitre, c’est très chouette. J’ai beaucoup de chance avec cet appart et ces chouettes colloc’.

   Je l’avais laissé entendre dans le précédent message: le retour au Bangladesh a été mouvementé. Promis, je vous raconte ça très bientôt mais préparez-vous à de sacrées nouvelles… !

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